Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 12 novembre 2009 à 21h30
Financement de la sécurité sociale pour 2010 — Article 10

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre :

Je les remercie du travail formidable qu’ils ont fait.

On se prépare en amont, au moment où la perception du risque n’existe pas. Mais si on ne le fait pas à ce moment-là, il n’y a pas de prévention.

D’ailleurs, un réanimateur dans un CHU m’a rapporté un fait étonnant : tandis que l’adhésion des professionnels de santé à la vaccination était moyenne, à la suite de quatre cas dans un service – deux cas de syndromes de détresse respiratoire aiguë chez deux petits enfants et deux autres cas chez deux femmes enceintes –, elle est devenue globale. En effet, ce qui apparaissait virtuel tout à coup ne l’était plus, puisque l’on voyait des personnes mourir.

L’adhésion gagne du terrain parmi les professionnels. D’ores et déjà, dans l’hôpital public, plus de 100 000 personnels soignants sur un peu moins de 700 000 au total ont été vaccinés, dont une forte proportion chez les médecins. Il nous reste à convaincre les infirmiers et les aides-soignants, qui restent, pour l’instant, un peu plus en retrait.

Tous les jours, dans les hôpitaux, 10 000 personnels supplémentaires environ se font vacciner. Il y a une véritable prise de conscience, les professionnels de santé étant de plus en plus nombreux à prendre leurs responsabilités. Je compte d’ailleurs beaucoup sur les médecins pour expliquer, précisément, les raisons pour lesquelles il importe de se protéger.

Je rappelle que l’un des décès que nous avons eu à déplorer à la fin de la semaine dernière a frappé une personne présentant, certes, un facteur de risque, mais léger, puisqu’il s’agissait d’un diabète : elle a été contaminée au sein même de l’établissement hospitalier dans lequel elle venait en consultation, ce qui est tout de même extrêmement dommageable.

Mesdames, messieurs les sénateurs, j’en viens maintenant à la question de la sécurité des vaccins.

Tous les ans, un nouveau vaccin contre la grippe est élaboré. C’est parce que la technologie est parfaitement au point que nous avons la chance de pouvoir nous protéger contre le virus A/H1N1. Personne ne doit donc s’étonner que les vaccins soient disponibles si rapidement !

Si nous avons fait le choix d’acquérir, pour la majorité de la population, des vaccins avec des adjuvants, c’est parce que ceux-ci offrent une immunité supérieure avec une souche virale moins importante. Ces adjuvants ne sont pas des produits nouveaux : ils sont régulièrement testés et utilisés depuis plus de dix ans. Pour le vaccin Pandemrix de GSK, avec lequel, comme les quelque 100 000 professionnels de santé, je me suis fait vacciner ce matin, seuls une trentaine d’effets secondaires, extrêmement légers et bénins, ont été recensés.

Il y a également une suspicion de syndrome de Guillain-Barré chez une personne, mais sous une forme modérée et réversible. Nous ne savons d’ailleurs pas s’il est imputable au vaccin. En effet, chaque année, en France, 1 700 cas de syndrome de Guillain-Barré sont constatés, mais la plupart sont liés à une infection virale, dont la grippe. Les médecins nous ont d’ailleurs informés de l’existence d’un syndrome grippal préexistant chez cette personne, qui, par ailleurs, va très bien.

Sur ce vaccin, mesdames, messieurs les sénateurs, nous avons déjà un certain recul puisqu’il a déjà été utilisé en Suède à 1, 2 million d’exemplaires, où il a donné lieu à 200 cas d’effets secondaires, là aussi bénins, tels que des rougeurs au point d’injection ou des maux de tête. Pour avoir certainement tous été vaccinés dans votre vie, vous avez dû rencontrer ce genre de désagréments extrêmement classiques.

En France comme en Suède, aucun effet secondaire important n’a donc été recensé. Pour autant, nous n’entendons pas baisser le niveau de surveillance. Nous avons ainsi mis sur pied, en liaison avec l’AFSSAPS, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, un système de pharmacovigilance extrêmement au point, avec un double système d’alerte sur internet : les médecins et les professionnels de santé, mais aussi les particuliers, pourront déclarer en ligne, sur le site de l’AFSSAPS, les effets indésirables ou les gênes ressentis.

Je prends bien entendu l’engagement devant vous d’agir en totale transparence sur le sujet. Je le redis, nous avons la chance d’avoir pu nous préparer et de disposer de vaccins extrêmement sûrs, ayant fait l’objet de tests rigoureux. Nous constatons une adhésion de plus en plus grande de la population. Or, dans ce type de situation, l’opinion publique se retourne en une demi-journée !

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