Les emplois-jeunes avaient toute leur utilité dans les écoles et les collèges ; les associations avaient toute leur place dans le lien social. En licenciant les uns, en provoquant la disparition des autres, vous avez largement contribué à accentuer les conditions d'un mal-être insupportable pour beaucoup de nos jeunes, notamment dans les quartiers populaires, et pas seulement en banlieue.
Où était l'urgence pour le logement, jusqu'à ce que le Président de la République se souvienne brusquement qu'un gouvernement avait fait voter, voilà quelques années, une loi obligeant les communes à construire au moins 20 % de logements sociaux sur leur territoire ? Jusqu'alors, il n'avait manifesté aucun intérêt pour cette loi, certainement parce qu'elle avait été votée par une majorité de gauche, sur l'initiative d'un gouvernement de gauche. Il faudra bien, pourtant, que cette loi s'applique, à Neuilly comme ailleurs ! §(M. Charles Pasqua s'exclame.)
Où est la solidarité de l'État envers les collectivités particulièrement touchées par les événements dramatiques que l'on a connus ? Les maires, messieurs les ministres, sont certainement très sensibles aux hommages que vous leur rendez régulièrement, mais ne les laissez pas seuls ! L'État a des responsabilités à assumer, et je ne parle pas seulement de sécurité.
Notre pays connaît une crise sociale profonde et nos compatriotes n'ont plus confiance. En ville comme dans le monde rural, les Françaises et les Français, plus particulièrement les jeunes, appréhendent l'avenir, et pas seulement dans les quartiers où des voitures ont brûlé. Dans les quartiers qui ont connu les graves troubles que l'on sait, l'urgence est encore plus urgente, si je puis dire, en matière d'éducation, de formation, de logement, d'emploi. Mais vous n'êtes pas au rendez-vous !
Ce budget est également irresponsable pour les collectivités locales.
Au sujet de la réforme de la taxe professionnelle, le ministre des finances avait dit vouloir « responsabiliser les collectivités locales ». Concrètement, cela signifie « tendre à supprimer l'autonomie financière » de celles-ci.