Pour 16, 7 millions de familles, dont le quotidien est fait de difficultés à payer le loyer, parfois à se nourrir, à se cultiver, à faire face aux mille et un besoins de la vie, la baisse de l'impôt sur le revenu n'a aucun sens. Ces familles vivent chaque jour les prix qui augmentent : ceux des transports, de la fourniture d'énergie - que le Gouvernement a autorisés - et la flambée du prix de l'essence. Et voici que l'on réforme nos impôts, mais en oubliant purement et simplement ces 16, 7 millions de familles !
Pis même, parce que vous cherchez à réduire sans cesse la dépense publique, comme va encore nous le montrer le collectif de fin d'année et ainsi que le laisse supposer l'exécution de la loi de finances pour 2006, ces familles seront les premières victimes de la réduction de la dépense publique.
Mes chers collègues, moins d'emplois dans la fonction publique, moins d'actions de l'État sur les besoins collectifs, tout cela a une traduction concrète sur le terrain : c'est l'école rurale qui ferme, c'est le bureau de Poste qui est remplacé par une annexe de l'épicerie, ce sont les services hospitaliers qui sont remis en cause ! C'est également la route que l'on entretient moins ou plus du tout, ce sont les logements qui ne se construisent pas pour répondre aux besoins, ce sont les associations étranglées, notamment celles qui oeuvrent en faveur de l'insertion professionnelle, et, disant cela, je pense notamment à Emmaüs ! La vie collective est donc étouffée.
La majorité sénatoriale et le Gouvernement persévèrent et aggravent encore les choix qui les animent depuis 2002.
Monsieur le ministre, mes chers collègues de la majorité, vous refusez d'écouter la détresse, la révolte de ceux qui souffrent. Vous refusez de prendre en compte le résultat du scrutin du 29 mai. Vous refusez même d'écouter vos services, en particulier les Renseignements généraux, qui vous disent que la crise des banlieues, d'ailleurs absente du budget, est une révolte populaire. Et vous refusez aussi d'écouter les collectivités territoriales, qui sont au premier rang pour jouer les pompiers de l'incendie que votre politique rallume chaque jour.
Cette loi de finances a encore été l'occasion de constater que l'État déployait tous les artifices possibles.
Le bouclier fiscal ? Payé par les collectivités locales ! Le plafonnement de la taxe professionnelle ? Payé par les collectivités locales ! Le non-respect des engagements en matière d'équipement public ? Payé, là encore, par les collectivités locales !
Cela fait trop longtemps que dure cette manière d'agir : depuis plus de vingt ans, au nom de l'emploi et de l'investissement, on nous fait examiner des mesures toutes plus coûteuses les unes que les autres. Abaissement de l'impôt sur les sociétés de 50 % à 33, 33 %, réduction de l'assiette de la taxe professionnelle de 45 %, larges exonérations de cotisations sociales, allégement de la fiscalité des groupes, réduction des impôts touchant les plus gros patrimoines, allégement de la fiscalité des placements spéculatifs, tout a été tenté ou presque !
À la vérité, si l'on devait faire le total des sommes que l'État consacrera cette année à ces politiques, nous dépasserions probablement - et de loin ! - le déficit budgétaire annoncé.
Le problème, c'est que tout cela n'a servi qu'à une chose : restaurer, puis maintenir à un niveau élevé - plus de 30 % - les profits des entreprises. Et pas pour l'investissement, encore moins pour les salaires ! Ces profits visent uniquement à satisfaire les actionnaires !
Le bilan social, vous le connaissez, il est épouvantable : notre pays compte deux fois plus de chômeurs qu'il y a vingt ans ; le RMI constitue le revenu de plus de 1, 1 million de nos compatriotes ; plus de 8 millions de travailleurs sont si mal payés qu'ils obtiennent un versement de prime pour l'emploi ; quant à ceux qui mettent un peu d'argent de côté, vous allez même jusqu'à taxer leurs plans d'épargne logement !