Intervention de Nicole Borvo Cohen-Seat

Réunion du 20 janvier 2011 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Relations france-tunisie

Photo de Nicole Borvo Cohen-SeatNicole Borvo Cohen-Seat :

Ma question porte également sur la Tunisie.

Avant de la poser, je tiens à adresser un salut à Hamma Hammami, président du Parti communiste des ouvriers de Tunisie, qui a passé tant de jours en prison et pour qui je me suis tellement engagée, quelquefois bien seule ! Il est maintenant sorti de la prison dans laquelle il avait été enfermé dès le début des manifestations.

Mesdames, messieurs les ministres, le Président de la République et votre gouvernement ont, jusqu’à ces derniers jours, fermé les yeux sur la vraie nature du régime policier et corrompu de Ben Ali.

En vérité, vous voyiez en celui-ci un gage de stabilité pour préserver les intérêts économiques de grands groupes français en Tunisie, tout comme l’Agence de notation Moody’s, qui baisse aujourd’hui la note de la Tunisie, craignant pour les intérêts capitalistes.

Surpris par la chute de son ami, le Gouvernement tente de se racheter en prétendant avoir sous-estimé « le degré d’exaspération de l’opinion publique face à un régime policier et dictatorial ».

Vous affirmez maintenant vouloir apporter votre soutien au processus démocratique qui s’installe avec difficulté – forcément, après tant d’années de dictature ! –, et vous proposez l’assistance de la France pour organiser des élections libres. Mais cela arrive bien tard !

Je doute que cette volte-face soit suffisante pour retrouver la confiance du peuple tunisien – je l’espère néanmoins – après que votre ministre des affaires étrangères eut suggéré d’envoyer des soutiens aux forces de l’ordre tunisiennes !

Mesdames, messieurs les membres du Gouvernement, il ne faut pas faire table rase du passé ! Quelle a été la réalité du soutien politique à Ben Ali et à son clan ? Quelle était la vraie nature de vos relations économiques avec ce pouvoir violent et mafieux ?

Quelles mesures prenez-vous pour bloquer et geler les avoirs en France de ce régime ? Cette question a déjà été posée.

Comment comptez-vous orienter aujourd’hui notre présence économique en Tunisie vers le progrès et la justice sociale ?

Interviendrez-vous auprès de l’Union européenne et des États membres pour que soient révisés les accords d’association contractés avec la Tunisie dans un sens qui soit plus favorable à son peuple qu’aux seuls intérêts économiques et surtout financiers ?

Bref, allez-vous rompre avec une politique euro-méditerranéenne aux visées d’expansion des multinationales françaises, au profit d’une véritable politique de coopération, démocratique et sociale ? §

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion