Intervention de Jean-Marc Todeschini

Réunion du 14 décembre 2009 à 14h30
Délimitation des circonscriptions pour l'élection des députés — Articles additionnels avant l'article unique

Photo de Jean-Marc TodeschiniJean-Marc Todeschini :

Monsieur le secrétaire d’État, toute la presse et tous les observateurs en conviennent : votre redécoupage en Moselle avait pour premier principe d’y conforter la position de l’UMP, ce qui n’est pas simple, compte tenu des divisions que connaît localement votre mouvement !

Voici quelques titres d’articles de la presse régionale : « Le redécoupage électoral fait craquer la droite » ; « Nouvelle guerre UMP en Moselle autour du découpage électoral » ; « Découpage façon puzzle » ; « Aberration électorale » ; « Tripatouillages repoussés par la commission » ; « Opération profondément malhonnête n’ayant aucune justification démographique » ; « L’avant-projet de découpage des circonscriptions législatives en Moselle est un charcutage scandaleux » ; « Redécoupage électoral : l’UMP temporise, suite à une réunion de travail qui en entraînera d’autres avec le secrétaire d’État »…

Ces remarques, monsieur le secrétaire d’État, émanent non pas de l’opposition ou d’élus de gauche, mais bel et bien d’élus de votre majorité qui ne peuvent accepter le charcutage que vous avez préparé.

Évidemment, la méfiance, au sein de l’opinion publique, ne pourra malheureusement qu’être renforcée par les conséquences de votre ordonnance. Il est de notre devoir de le souligner pour alerter les citoyens. Nous avons, sur ce plan comme sur d’autres, des comptes à leur rendre ! En effet, si l’on change les règles du jeu, ce sont non pas les élus qui seront pénalisés, mais les citoyens, car ils verront leur vote faussé.

Monsieur Marleix, j’ai beaucoup de respect pour vous et je reconnais vos très grandes compétence et expérience pour procéder au découpage. Dans au moins vingt et un cas, vous êtes passé outre à la fois à l’avis de la commission de contrôle du redécoupage électoral, prétendument indépendante, et à celui du Conseil d’État. Le département de la Moselle fait, hélas ! partie de ces vingt et un cas. Après de multiples réunions sous votre égide, les divisions entre les parlementaires UMP mosellans se sont étalées dans la presse, car ils refusaient d’être les victimes d’un charcutage au seul profit du député UMP de la première circonscription. Combien de scénarii celui-ci ne vous a-t-il pas soumis pour renforcer l’ancrage à droite de ce qu’il considère comme son bien, sa propriété électorale ! Tout a été envisagé par vos conseillers pour tenter de lui donner satisfaction.

Avec la disparition de la circonscription détenue par Aurélie Filippetti, il héritait du canton de Rombas : trop à gauche, il n’en voulait pas ! Il vous a donc proposé de redessiner les deux circonscriptions de l’arrondissement de Thionville, mais le résultat n’était pas « vendable ». Il a ensuite suggéré de transférer le canton de Maizières-lès-Metz, dont le conseiller général est son prédécesseur socialiste à l’Assemblée nationale, Gérard Terrier, dans la circonscription de son « amie » – sa collègue de parti, en tout cas ! – Marie-Jo Zimmermann : difficile à faire ! Il s’est alors tourné vers la ville de Metz, en essayant de récupérer une partie de la deuxième circonscription de son « ami » Denis Jacquat : difficile, là aussi ! Après une nouvelle réunion organisée par vos soins, les parlementaires UMP ont décidé qu’il était préférable de temporiser, tant les querelles internes au parti remplissaient les colonnes de la presse locale.

Mais les ordres venus d’en haut étaient de renforcer cette première circonscription, qui a envoyé à plusieurs reprises un député socialiste à l’Assemblée nationale et dont le seul canton messin a élu – horreur ! – un conseiller général socialiste, également maire de Metz… Et si l’envie lui venait subitement de se porter candidat contre François Grosdidier ? C’est évidemment ce qu’il fallait éviter !

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