Intervention de Nicole Bricq

Réunion du 17 décembre 2009 à 9h30
Loi de finances rectificative pour 2009 — Discussion d'un projet de loi

Photo de Nicole BricqNicole Bricq :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, dernier exercice de l’année budgétaire avant le premier de l’année prochaine, le collectif ne dément pas l’habitude qui consiste, tant pour le Gouvernement que pour le Parlement, à y faire figurer nombre de dispositions financières très diverses. Deux points notables en font toutefois l’originalité : d’une part, l’absence de traduction gouvernementale de l’annonce du Président de la République sur la taxation des bonus ; d’autre part, le dispositif de lutte contre la fraude fiscale, inséré par nos collègues députés.

Ce projet de loi de finances rectificative donne une vision de nos finances publiques. Certes, l’année écoulée a été exceptionnelle, mais ce collectif met toutefois à nu nos handicaps structurels et relativise les satisfecit dont le Président de la République et le Gouvernement sont friands.

En effet, dans le cadre européen, nos finances sont marquées par un double handicap : un arriéré de dette et un déficit d’avant-crise très importants. Nous cumulons ainsi tous les inconvénients par rapport à nos voisins de la zone euro, surtout si l’on prend en compte le collectif à venir, qui sera consacré à l’emprunt, et qui donnera la véritable lecture du projet de loi de finances pour 2010.

Le présent collectif prend acte d’une récession certes trois fois moindre que celle de notre principal partenaire commercial, l’Allemagne. Toutefois, la France connaît une situation de l’emploi nettement plus dégradée que son voisin, et durablement compromise qui plus est. L’INSEE a très fortement révisé les prévisions qu’il avait faites voilà un mois, au vu des 93 000 destructions d’emplois constatées au troisième trimestre dans le secteur marchand. Pôle emploi estime de son côté que le pic des destructions d’emplois n’est pas encore atteint. La croissance molle attendue en 2010 ne suffira pas à créer des postes à un rythme équivalent à celui des destructions. Il faudra bien que le Gouvernement intègre cette donnée à ses priorités de dépenses.

Le nouveau record de déficit – 141 milliards d’euros, chiffre encore provisoire en attendant le résultat du versement de l’acompte de l’impôt sur les sociétés – s’explique certes par la chute des recettes fiscales due à la crise, mais aussi par les baisses d’impôt octroyées régulièrement avant et pendant la crise.

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