Intervention de Nicole Bricq

Réunion du 17 décembre 2009 à 9h30
Loi de finances rectificative pour 2009 — Discussion d'un projet de loi

Photo de Nicole BricqNicole Bricq :

C’est pourquoi l’un des amendements présentés par le groupe socialiste tend à donner une visibilité législative au fichier « EVAFISC », le bien-nommé, dont la base réglementaire, un simple arrêté, nous paraît fragile. À travers cet amendement, nous voulons permettre au Parlement d’exercer pleinement son contrôle sur les moyens et les résultats de vos services, monsieur le ministre. Ces derniers doivent pouvoir eux-mêmes vérifier l’application des conventions fiscales et étendre leurs investigations pour lutter contre la grande fraude.

À ce titre, nous présenterons un autre amendement tendant à lutter contre les paradis fiscaux. La définition inscrite dans le projet de loi de finances rectificative, qui s’en remet à la liste de l’OCDE, omet en effet les places internes à l’Union européenne. En ne voulant pas attaquer nos voisins, on fait peut-être de la diplomatie, monsieur le ministre, mais on ne mène pas une lutte déterminée contre les places douteuses non encore atteintes par l’esprit coopératif qui a soufflé, un temps, sur les G20 successifs.

En ce qui concerne la taxation des bonus, elle brille par son absence dans ce texte. Le Président de la République a brassé beaucoup de vent lors du récent sommet de Bruxelles, mais, une fois la séquence de publicité passée, nous constatons qu’il est toujours urgent d’attendre, au prétexte que l’on ne saurait faire mieux ou plus que les Anglais. C’est la politique du moins-disant. Pourtant, voilà plus d’un an que le groupe socialiste dépose propositions de loi, amendements et questions orales sur ce sujet, sans autre réponse que wait and see, si je puis me permettre cette expression, particulièrement bien adaptée au contexte…

Dans cet hémicycle, Mme Lagarde nous avait demandé d’attendre la mise en œuvre du code de bonne conduite du Mouvement des entreprises de France, le MEDEF, et de l’Association française des entreprises privées, l’AFEP. Mais, si j’ai bien lu le rapport de l’Autorité des marchés financiers, son application n’est guère probante.

Après que le Gouvernement eut systématiquement rejeté tous les amendements que nous avions déposés sur le sujet, nous aurions pu penser que, à la suite de l’annonce présidentielle, nous débattrions de cette question dans ce dernier véhicule législatif de l’année. Il n’en est rien !

On nous avait également promis une grande loi de régulation bancaire et financière pour la fin de l’année. Le projet, adopté hier en conseil des ministres, ne sera finalement examiné par le Parlement qu’en avril.

On nous dit maintenant que la taxation des bonus figurera dans le collectif dit de « l’emprunt », en début d’année prochaine. Tant mieux si cela permet d’aller plus vite, mais ce que l’on nous annonce est décevant.

Alors que Londres a annoncé un produit global de 620 millions d’euros pour cette taxe, les banques françaises plaident pour un niveau six fois inférieur, et l’on parle d’un arbitrage du Gouvernement qui se situerait entre 200 et 250 millions d’euros. Le compte n’y est pas ! Il est vrai que si Mme la ministre poursuit toujours la chimère qui consiste à faire de la place financière de Paris la rivale de Londres, je comprends qu’il faille négocier cette taxe à la baisse.

J’ai rapidement pris connaissance de l’amendement que vous nous aviez annoncé, monsieur le rapporteur général, et que la commission des finances examinera lors de la suspension de séance. Il présente l’avantage de ne pas se limiter aux traders, mais d’élargir le champ de la taxe aux mandataires sociaux, voire, si j’ai bien compris, à la hiérarchie et à la gouvernance des organismes financiers. §C’est plutôt positif. Cela rejoint les positions que nous avons régulièrement défendues, et qui ont essuyé un refus systématique.

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