Intervention de Jean-Jacques Mirassou

Réunion du 12 mai 2009 à 9h30
Questions orales — Délocalisation injustifiée de l'entreprise molex

Photo de Jean-Jacques MirassouJean-Jacques Mirassou :

Monsieur le secrétaire d’État, ma question est relative à la situation de l’entreprise Molex, sise à Villemur-sur-Tarn, dans le département de Haute-Garonne.

Il est important de préciser que la direction de Molex avait déclaré, pour l’exercice 2008, un bénéfice de 1, 2 million d’euros. Pourtant, cette direction, elle-même délocalisée aux États-Unis, a annoncé très rapidement aux trois cents salariés de l’entreprise une délocalisation à très court terme. Trois cents salariés licenciés, ce sont trois cents familles touchées, c’est un nouveau coup porté à un bassin d’emploi déjà sinistré, la direction justifiant cette délocalisation par l’anticipation de pertes éventuelles…

Du reste, la direction de Molex est restée longtemps incapable de justifier économiquement son choix. De surcroît, un cabinet d’expertise mandaté par le comité d’entreprise n’a pas réussi, malgré une décision du tribunal compétent, à obtenir qu’elle produise des éléments comptables permettant d’apprécier clairement la situation de l’établissement. S’abritant derrière le droit américain, la direction de Molex s’est livrée à une véritable obstruction, empêchant tout contrôle de la réalité de la situation économique et adoptant à l’égard des trois cents salariés une attitude inqualifiable.

Mme Lagarde avait alors été interrogée sur les moyens d’intervention dont dispose l’État pour assurer le simple respect du droit du travail. Cependant, en un mois et demi, les choses ont évolué très vite, et le cas de l’entreprise Molex, d’abord de portée locale, a pris pour différentes raisons une dimension nationale.

En effet, les salariés de Molex ont eu accès à des informations leur permettant de prouver que, au moment même où la direction américaine envisageait une délocalisation pour le moins erratique, d’abord en République tchèque, puis en Chine, une autre chaîne de production de connectique fonctionnait déjà aux États-Unis, pour un résultat d’une qualité très discutable.

Tout cela tend à montrer que la décision de supprimer le site de Villemur-sur-Tarn était programmée de longue date, et justifie pleinement la procédure pour délit d’entrave engagée par les salariés de Molex.

Or, monsieur le secrétaire d’État, il faut savoir que le principal client de Molex est le groupe PSA Peugeot Citroën, qui a reçu de l’État, au titre du pacte automobile, une somme très importante. Compte tenu des quatre mois de sursis qui ont été accordés au site de Villemur-sur-Tarn, l’urgence est désormais de rétablir des relations directes et préférentielles, en matière de commandes, entre ce dernier et PSA Peugeot Citroën. Étant donné l’aide financière consentie par l’État, j’estime que le Gouvernement doit obtenir satisfaction sur ce point auprès de ce groupe. Est-il disposé, monsieur le secrétaire d’État, à agir en ce sens ? C’est un passage obligé : ce n’est qu’à ce prix que nous parviendrons à apporter la preuve que l’outil de Villemur-sur-Tarn peut être pérennisé.

J’ajoute que d’autres informations font peser une incertitude sur l’avenir de la production aux États-Unis. Si d’aventure le site de Villemur-sur-Tarn était rayé de la carte et si, par la suite, la direction décidait de supprimer sa production en Amérique, cela signifierait tout simplement que l’industrie automobile française, privée de fournisseurs de cet élément essentiel que représente la connectique, courrait un véritable danger. J’aimerais savoir, monsieur le secrétaire d’État, si vous en êtes bien conscient.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion