Intervention de Henri Cuq

Réunion du 23 novembre 2004 à 16h00
Éloge funèbre de hilaire flandre sénateur des ardennes

Henri Cuq, ministre délégué aux relations avec le Parlement :

Monsieur le président, vous venez de témoigner, au nom de la Haute Assemblée et de ses membres, votre vive émotion consécutive à la disparition du sénateur Hilaire Flandre. C'est également avec émotion que je voudrais, au nom du Gouvernement, m'associer à cet hommage.

Vous l'évoquiez vous-même, monsieur le président, Hilaire Flandre est né en 1937 au coeur des Ardennes, comme Arthur Rimbaud, sur une terre dure et rude, dont le poète disait :

« La terre, demi-nue, heureuse de revivre,

A des frissons de joie aux baisers du soleil... ».

Cette terre ardennaise, que vous connaissez bien, monsieur le président, Hilaire Flandre fait le choix de la cultiver, avant de la sillonner en tant qu'élu.

Agriculteur, il est fier de pratiquer « le premier et le plus respectable de tous les arts », comme le disait Rousseau. Au moment où l'urbanisation tentaculaire vide les campagnes, il consacre toute son énergie, avec une fidélité exemplaire, à la terre de ses ancêtres, et ce jusqu'à ce qu'il cesse toute activité professionnelle en 1997.

Homme authentique et chaleureux, habité par la volonté de servir, Hilaire Flandre est un travailleur infatigable. Ce sont ces valeurs qui l'animeront tout au long de son triple engagement : syndical, mutualiste et politique.

Dès 1965, âgé de vingt-huit ans, il s'engage dans le syndicalisme agricole. Très vite apprécié pour sa disponibilité, son écoute, sa connaissance des problèmes que rencontre le monde agricole, il est sollicité par de très nombreuses organisations départementales et régionales pour y occuper des postes à haute responsabilité.

C'est avec la même conviction et la même passion que Hilaire Flandre va servir la cause mutualiste ; voilà son deuxième engagement. Là encore, son ardeur au travail et son sens aigu des responsabilités sont unanimement appréciés et le conduisent une nouvelle fois à occuper, dans de nombreux organismes locaux, des postes importants.

Parallèlement, Hilaire Flandre entre très tôt en politique ; c'est son troisième engagement. Elu conseiller municipal à l'âge de vingt-huit ans, il rejoint l'UDR. Il sera nommé secrétaire départemental du RPR en 1979, fonction qu'il exercera durant dix-neuf années.

En 1983, il est élu maire d'Alincourt, son village natal, puis, en 1986, conseiller régional de Champagne-Ardenne.

Fort de toutes ces expériences locales et régionales réussies, Hilaire Flandre est naturellement appelé par le sénateur Jacques Sourdille comme suppléant lors des élections de septembre 1989. Sept ans plus tard, il lui succède au Sénat.

Malgré son ascension rapide et les lourdes responsabilités qu'il exerce, Hilaire Flandre reste proche et disponible pour les autres. Ses responsabilités nationales ne l'éloigneront jamais ni des siens, ni de sa terre. Il est apprécié parce qu'il est accessible et parce qu'il connaît bien ses dossiers, mais aussi parce qu'il conserve sa légendaire liberté de ton.

Au Sénat, ses compétences dans le domaine agricole, lui qui était le témoin et l'acteur averti de l'évolution du monde rural, lui vaudront d'être nommé secrétaire de la mission d'information de la commission des affaires économiques et du Plan sur les organismes génétiquement modifiés.

En février 2004, il est nommé rapporteur de la mission commune d'information parlementaire « La France et les Français face à la canicule », qui a rendu un rapport de grande qualité.

Fin politique, homme de terrain, d'expérience et de conviction, Hilaire Flandre était chaleureux, compétent, autant que ferme et rigoureux.

Malheureusement, la maladie est venue briser l'élan, altérer le souffle et immobiliser son action. Malgré cela, Hilaire Flandre a forcé une fois de plus notre respect, tant son comportement était stoïque face à la souffrance.

A sa famille, à ses amis, ainsi qu'à tous ses collègues, j'exprime, au nom du Gouvernement, mes très sincères condoléances.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion