Intervention de Monique Cerisier-ben Guiga

Réunion du 7 décembre 2005 à 22h30
Loi de finances pour 2006 — Compte de concours financiers : accords monétaires internationaux

Photo de Monique Cerisier-ben GuigaMonique Cerisier-ben Guiga :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, en matière d'aide publique au développement, le Gouvernement a donné la priorité à l'annulation de dette et à l'action multilatérale. Le transfert de l'essentiel de l'action de terrain à l'AFD sera achevé au 31 décembre de cette année.

Ce sont des choix qui ont leur rationalité, mais qui, en se conjuguant les uns aux autres, privilégient l'aide financière au détriment de l'action de terrain. D'autant que, comme l'a expliqué Mme Tasca, les ONG ne sont pas impliquées et aidées dans nos programmes.

Or, mes chers collègues, cela fait quarante ans que l'aide financière au développement alimente les circuits de la corruption étatique dans les pays que nous prétendons aider, tels le Cameroun ou le Sénégal, ce qui les fait régresser, tant le moral et l'activité des peuples en sont affectés.

C'est dans les pays qui ont le moins bénéficié de la manne financière que des signes de progrès et de meilleure gouvernance apparaissent. Je citerai le Mali. Les résultats de l'aide projet française conjugués aux efforts des Maliens sont visibles et durables : fourniture d'eau potable, cultures vivrières, dispensaires et médecine préventive.

Les raisons de cette différence devraient être sérieusement analysées.

Nous constatons que la progression globale des crédits du programme « Solidarité à l'égard des pays en développement » est, cette année, de 200 millions d'euros, mais comme au total ce sont 315 millions d'euros supplémentaires qui vont aux actions multilatérales, les crédits pour notre action bilatérale baissent de 46 000 euros, soit une perte de 9 %.

Qu'on me comprenne bien : j'approuve pleinement la meilleure participation de la France à l'action des agences des Nations unies, en particulier à celle qui est menée dans le cadre du PNUD. La lutte contre le sida est une priorité indiscutable. Encore faut-il, comme l'a dit Mme Brisepierre, qu'elle atteigne les peuples et les malades.

En synergie, l'aide de terrain identifiée par nos partenaires comme étant française doit perdurer. Notre visibilité et notre influence politique et linguistique seraient affectées de son dépérissement.

Ainsi, la promotion de l'enseignement supérieur et de la recherche au service du développement perd 50 millions d'euros. Sur quels postes cette baisse est-elle répercutée, madame la ministre ? Est-ce la raison de la menace de fermeture qui pèse sur le bureau d'information des études en France de Bamako ? On vient d'y faire de beaux discours sur la solidarité de la France avec la jeunesse africaine, mais tout se passe comme si on voulait priver cette même jeunesse de l'accès à l'information sur les études supérieures en France afin qu'elle ne vienne plus encombrer nos amphis !

L'aide en faveur du développement durable perd près de 54 millions d'euros. Cette aide, me direz-vous, passera par le FED et le PNUD. Très bien ! Mais qui sait, parmi nos partenaires africains, que tout programme relevant du FED est à hauteur de 25 % de source française ?

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