Nos ambassadeurs peinent donc à faire valoir l'effort de la France et à répondre aux sollicitations précises de leurs partenaires, tout d'abord en matière d'éducation et de santé, secteurs qui sont maintenant transférés à l'AFD.
J'ai rencontré des responsables locaux de l'agence. Ils s'interrogent sur les voies et moyens de leur action avec beaucoup de sincérité et d'implication, mais ils sont vraiment à la recherche d'une adéquation entre l'action sur l'éducation et la santé et les procédures bancaires auxquelles ils sont culturellement formés. Certains envisagent d'ailleurs de revenir à la bonne vieille aide projet du ministère de la coopération en la faisant mettre en oeuvre par des bureaux d'études et des ONG.
Le Parlement attend des informations sur la révision que nous savons être en cours des statuts de l'AFD. Opérera-t-on enfin clairement la distinction entre ses fonctions de banque et ses fonctions d'agence de développement afin qu'elle puisse être opérateur de la LOLF et qu'elle puisse être correctement jugée sur ses différentes actions ?
Autre point, FCI saura-t-il faire recruter les assistants techniques formés par l'ancien ministère de la coopération par l'AFD ? Je crains une perte de substance, de connaissance, de savoir-faire.
Par ailleurs, comment s'opérera la jonction entre les projets à quelques dizaines de milliers d'euros des ONG et le plancher fixé à 6 millions d'euros par l'AFD pour ses opérations ?
Le jour où il sera clairement répondu à ces questions, la réforme voulue par le CICID sera mieux comprise et plus efficace.
En matière de santé, pourriez-vous nous dire ce qu'on projette et qui va intervenir sur la santé des femmes et des enfants ? Si les femmes des Comores risquent le naufrage pour aller accoucher à Mayotte, c'est surtout faute de structures obstétricales fiables dans leurs îles. Le développement passe par les femmes. Si elles meurent en couches, si elles et leurs enfants n'ont pas accès aux soins de base, il est vain de parler de progrès au sud du Sahara. Or la PMI n'apparaît comme un objectif dans les DCP de nos ambassades qu'au Niger.
Je ferai une seule remarque sur la sincérité de ce budget. Pourrait-on épargner aux parlementaires les artifices comptables comme celui qu'on relève pour l'aide alimentaire ? Annoncer 200 000 tonnes pour 32, 9 millions d'euros, ce qui fait la tonne à moins de 165 euros quand elle coûte de 250 à 350 euros, n'est pas sincère. Ce genre d'artifice doit absolument être écarté.
Enfin, que fait concrètement la France pour réduire la fracture numérique et faire en sorte que les Africains aient accès, pour leur formation, pour leur information, pour faire progresser leurs échanges économiques, à Internet ?
Le constat de l'état de l'Afrique en 2005 est accablant. La real politik de la France, alliée aux dirigeants les plus autocrates et corrompus, n'est pas conciliable avec une véritable aide au développement.
Pour toutes ces raisons, auxquelles s'ajoutent les critiques de Mme Tasca sur la faible part des ONG dans l'aide publique française, j'annonce que le groupe socialiste ne votera pas ce projet de budget.