Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, j’interviendrai brièvement, car de nombreuses choses ont déjà été dites.
Les visiteurs médicaux exercent trois fonctions à la fois : l’information au sujet des médicaments, la commercialisation de ces derniers et la formation des médecins à leur utilisation. Or ces fonctions – cela a été souligné par plusieurs intervenants – ne sont pas toujours compatibles, et c’est le moins qu’on puisse dire.
Pour autant – cela a également été évoqué –, il importe de ne pas faire des visiteurs médicaux les boucs émissaires responsables de tous les dysfonctionnements constatés ces dernières années, puisque, je le rappelle, ils constituent souvent les « amortisseurs » des stratégies de l’industrie pharmaceutique ; je pense en particulier aux fusions et restructurations, dont les visiteurs médicaux sont souvent les premiers à faire les frais. Nous devons donc appréhender ce sujet d’une manière à la fois humaine et efficace.
Mon collègue Ronan Kerdraon vient d’y insister, la formation médicale continue est largement assurée par les visiteurs médicaux ; cette situation n’est pas de leur fait, mais c’est ainsi. Il est donc fondamental de revoir complètement le dispositif.
Votre proposition, monsieur le ministre – cela a déjà été mentionné –, comporte une inégalité de traitement entre le secteur libéral et le secteur hospitalier, alors même que, dans ce dernier secteur, les groupements d’achats, qu’ils soient internes à un hôpital ou interhospitaliers, tendent à diminuer la liberté de prescription de l’ensemble de la communauté médicale ; ce n’est d'ailleurs pas un mal, puisque cette évolution s’inscrit dans le cadre d’une rationalisation des dépenses de santé, à laquelle je ne pense pas que l’on puisse s’opposer.
Par ailleurs – mon collègue Ronan Kerdraon a soulevé ce problème à l’instant –, comment organiser des « grand-messes », si vous me permettez cette expression, dans lesquelles il s’agira d’expliquer à un spécialiste en ophtalmologie ou en cardiologie l’intérêt d’une prescription en gastro-entérologie ?
Vous pouvez certes me répondre, monsieur le ministre, que cela enrichira notre connaissance générale en matière médicale ; mais je peux vous dire que, dans la mesure où les grands hôpitaux, et plus encore les hôpitaux de proximité, manquent de praticiens hospitaliers – notamment en psychiatrie, en anesthésie, en chirurgie et en obstétrique –, ils auront beaucoup de mal à réunir leurs différents médecins pour les faire assister à ces visites groupées.
La mesure que vous proposez ne nous semble donc pas adaptée à l’importance des enjeux. La création d’une mission d’information, proposée par M. le rapporteur, nous paraît constituer la meilleure solution, car une telle mission permettra de réfléchir à ce grave problème de manière globale.