Monsieur le sénateur, il s'agit encore une fois d'un sujet important et ô combien délicat ; mon expérience d'élue local peut, là encore, s'avérer très utile. Il nous arrive en effet d'être confrontés, en cette qualité, à ce type de préoccupations, du moins à certaines d'entre elles.
Vous l'avez souligné à juste titre, tous ces rassemblements ne sont pas de même nature : les conditions sont relativement différentes quand il s'agit d'un teknival, d'un rassemblement évangélique ou d'une rave-party.
À vrai dire, lorsque plusieurs dizaines de milliers de personnes sont ainsi rassemblées, tout le problème réside dans le fait qu'il est tout autant impossible d'interdire que de laisser faire, ce qui est d'ailleurs pire que tout. Au demeurant, ce sont les quelques cas où aucun contrôle n'a eu lieu, notamment lors de certains grands déplacements, qui ont posé le plus de problèmes. À Saint-Jean-de-Luz, nous nous sommes ainsi nous-mêmes trouvés brusquement confrontés à un afflux massif de plusieurs centaines de caravanes.
Par conséquent, nous nous efforçons toujours d'anticiper au maximum la situation et d'assurer un minimum d'encadrement.
Dans certains cas, finalement, cela ne se passe pas trop mal : malgré les problèmes - et Dieu sait s'il y en a eu ! -, le teknival 2007 a accueilli quarante mille personnes sans incident notable à déplorer, contrairement à ce qui a pu se produire dans le passé.
À cet égard, le système de la réquisition présente déjà l'avantage de garantir une certaine remise en état des terrains et de bien définir les responsabilités sur le plan juridique. Les personnes concernées savent, en effet, vers qui se tourner.
Pour autant, puisque tout bloquer et tout interdire s'avère impossible, il convient de trouver la solution qui soit la moins mauvaise possible.
Pour en avoir fait moi-même l'expérience, l'accueil d'un rassemblement évangélique se passe relativement bien : les organisateurs agissent souvent d'une manière assez convenable et assurent une remise en état des infrastructures satisfaisante. Dans de tels cas, il y a en effet un véritable encadrement.
Au contraire, les manifestations pour lesquelles nous rencontrons énormément de difficultés sont celles où aucun encadrement n'est prévu.
Cela dit, monsieur Dupont, je suis d'accord avec vous, le problème est réel : si des avancées ont bien été réalisées, les difficultés rencontrées restent encore relativement importantes.
Lorsque j'étais ministre de la défense, j'avais proposé qu'un certain nombre de terrains puissent être cédés afin d'être consacrés uniquement à ce genre de rencontres. À mes yeux, cette solution est susceptible de satisfaire certaines demandes, à condition, bien entendu, que les élus locaux concernés donnent leur accord. Pour le coup, ce seront eux qui auront régulièrement à gérer ces problèmes, alors que les rassemblements sont aujourd'hui à peu près répartis équitablement sur l'ensemble de la France. Cette proposition suscite donc quelques réticences.
C'est la raison pour laquelle j'envisage de confier une mission sur ce sujet à un ou plusieurs parlementaires. Ce faisant, je n'ai aucune intention de repousser la solution de ce problème à plus tard. De toute manière, il importe que nous la trouvions ensemble et il serait donc intéressant que des parlementaires puissent nous faire des propositions extrêmement concrètes à ce sujet. Nous pourrions en débattre entre nous, car, je le répète, c'est un problème qui nous concerne tous.
Lorsqu'un rassemblement a lieu, le ministère de l'intérieur met des personnels à disposition et essaie au maximum de tout contrôler pour qu'il y ait le moins de débordements possible. Mais, nous le savons, cela n'est jamais totalement satisfaisant, et il est dans l'intérêt de tous de pouvoir progresser dans ce domaine.