Intervention de Ivan Renar

Réunion du 23 juillet 2007 à 21h45
Règlement du budget de l'année 2006 — Débat de contrôle de l'exécution des crédits de la mission « culture »

Photo de Ivan RenarIvan Renar :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, les enseignements artistiques font l'objet d'une politique conjointe des deux ministères de l'éducation nationale et de la culture depuis de nombreuses années.

Même si leur place a été inscrite dans le socle des connaissances, ils n'en demeurent pas moins en souffrance.

Le plan Lang-Tasca a été en son temps une expérience intéressante qu'il conviendrait d'approfondir, car il favorisait la rencontre entre élèves, artistes et enseignants ; le plan de relance Fillon-Donnedieu de Vabres de janvier 2005 a montré ses limites avec ce budget 2006 qui nous mobilise ce soir.

Il faut en finir avec cette logique qui consiste à admettre que l'éducation artistique est fondamentale et ne rien faire ou presque en sa faveur.

Pourtant, les premières études présentées à Paris lors du symposium international sur les effets de l'éducation artistique ont nettement montré que la pratique instrumentale régulière, par exemple, augmente les capacités à se situer dans le temps et dans l'espace, aide à réinsérer des enfants en grande difficulté et, même, doperait les résultats en mathématiques et en langues vivantes.

Face aux défis d'un monde uniformisé par la culture marchande de loisirs, de nouvelles exigences s'imposent en termes d'éducation à l'image, d'histoire des arts, pour permettre de mieux comprendre notre environnement, qu'il s'agisse du patrimoine architectural et des musées, mais aussi de l'espace urbain.

Les jeunes sont les premières cibles des industries culturelles, qui n'en finissent pas de développer de nouveaux supports technologiques - DVD, Internet, téléphonie mobile, notamment -, d'où l'impérieuse nécessité pour l'école de former l'esprit critique dans l'usage des nouveaux médias et de sensibiliser aux enjeux de la création et des droits des auteurs, mis à mal par un marché sans conscience ni miséricorde.

Notre pays a ratifié la charte de l'UNESCO sur la diversité culturelle et il serait pertinent que la France s'illustre dans cet engagement de façon concrète par ses dispositifs d'éducation artistique et culturelle de l'école maternelle à l'université.

Dans une époque de transformations profondes et de mondialisation qui perturbent parfois les repères, notre jeunesse a plus que jamais besoin d'une véritable culture humaniste et humanisante.

« L'art est le plus court chemin qui mène de l'homme à l'homme », comme le disait si bien Malraux. Or, l'état des lieux est loin de ces ambitions, comme en témoigne le projet de loi de règlement définitif du budget de 2006.

Lors de la campagne électorale, M. Nicolas Sarkozy a déclaré que son projet de politique culturelle s'appuierait sur l'école et qu'il souhaitait valoriser l'éducation artistique pour donner un nouvel élan à la démocratisation culturelle.

Il faut préparer non seulement les enseignants, notamment dans les IUFM, mais aussi les artistes et les professionnels de toutes disciplines qui viennent dans les classes à leurs côtés. Il y a toujours un moment magique dans ces échanges, madame la ministre, quand des enfants et des jeunes, après quelques séances, découvrent qu'il n'y a pas de talent sans une quantité gigantesque de travail.

Cette transmission de valeurs est irremplaçable. J'ose le dire : il est grand temps que l'éducation artistique et culturelle devienne une grande cause nationale.

Quels enseignements comptez-vous tirer du budget de 2006 pour que le budget de 2008 traduise cette ambition en termes de moyens humains et financiers ?

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