Intervention de Bernadette Bourzai

Réunion du 20 mai 2010 à 15h00
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Article 1er quater nouveau

Photo de Bernadette BourzaiBernadette Bourzai :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, j’interviens à la demande de Jean-Luc Fichet, dont je partage les propos, puisque j’ai eu la chance d’être pendant douze ans présidente du conseil d’administration de l’École forestière de Meymac, en Corrèze, et représentante de la région Limousin au conseil d’administration de l’EPLEA de Neuvic.

Voilà deux établissements qui, comme ma collègue Brigitte Gonthier-Maurin vient de le dire, ont fusionné, ce qui ne manque pas de provoquer de nombreuses difficultés.

Si nous ne pouvons que nous réjouir des avancées introduites à l’article 1er quater, nous constatons cependant que cet article ne résout en rien le problème fondamental de l’enseignement agricole, celui de son financement.

Si j’avais déposé un amendement à ce sujet, cela aurait été en pure perte, car il aurait été rejeté sous couvert de l’article 40. Je ne peux donc qu’alerter le Gouvernement pour que, enfin, il agisse et donne à l’enseignement agricole les moyens qui lui sont indispensables.

Les lycées agricoles, sous-dotés en personnels, sont pourtant un formidable outil. Ils permettent, ce qui est rare actuellement, d’offrir un débouché réel aux élèves. Leur performance est reconnue. Il s’ensuit une forte attractivité de ces établissements. Leurs effectifs ont d’ailleurs connu une forte croissance à partir de 1993, avec une accélération de 25 % en quatre ans, pour se stabiliser depuis 2000 à un niveau élevé. Par ailleurs, leur image s’est nettement améliorée.

De plus, les lycées agricoles permettent aux familles modestes de trouver un cadre accueillant et de proximité et à leurs enfants de suivre une formation efficace, d’obtenir un diplôme reconnu et d’accéder à un emploi intéressant.

Pourtant, rien dans la réforme du lycée n’évoque la spécificité de cet enseignement et son originalité pédagogique, qui vient d’être reconnue par nos collègues. On peut également citer en exemple les maisons familiales rurales, qui offrent, selon les régions, des perspectives intéressantes à plus d’un titre.

Les établissements publics et privés accueillent les jeunes comme les adultes pour des formations en alternance et offrent des débouchés aussi variés que les formations sont enrichissantes, allant de l’environnement à la formation aux diverses productions, de l’aménagement de l’espace aux services à la personne.

Cet apprentissage est une réelle chance, notamment pour ceux qui sont en rupture de scolarité, puisqu’il offre un avenir prometteur au sein du monde professionnel, au sein du monde du travail pour tous.

Plus généralement, les lycées agricoles participent au développement des territoires ruraux, en luttant contre la désertification accrue de nos campagnes. À ce titre, un récent rapport du ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche pointe le rôle majeur que joue l’enseignement agricole dans un contexte de renouveau des campagnes françaises.

De mon point de vue, le Gouvernement n’a pas assez pris conscience de l’intérêt que présente cet enseignement.

Depuis des années, des postes d’enseignant et de personnels administratifs sont supprimés : 126 postes l’ont été en 2004, 94 en 2005, 210 en 2006 et 106 en 2008. Au niveau national, il manque actuellement 560 postes d’enseignant ! En somme, le nombre d’élèves progresse, mais les crédits affectés à cet enseignement ne suivent pas, et nous ne pouvons que le regretter.

Par ailleurs, un millier de contractuels travaillent dans ces lycées, mais ils ne sont rémunérés que dix mois sur douze et souffrent de la précarité d’une année scolaire à l’autre.

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