Intervention de Alain Vasselle

Réunion du 4 février 2009 à 21h30
Mise en œuvre du grenelle de l'environnement — Article 28, amendements 123 28

Photo de Alain VasselleAlain Vasselle :

Je n’arrive pas à me résoudre à adopter, à l’article 28, un alinéa qui laisse sous-entendre que les agriculteurs, par la pratique de la culture intensive, ont mis en difficulté l’écosystème et notre environnement et qu’ils sont responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement.

Cela mérite une explication et justifie, au moins, d’être assorti de la précision que j’ai apportée.

Je regrette également que ni le président de la commission, ni le rapporteur, ni la secrétaire d’État n’aient éprouvé le besoin de préciser que, si la profession agricole en était arrivée là, c’est parce qu’elle y avait été encouragée et que, pour des raisons économiques, elle n’avait pas d’autre choix.

Je suis agriculteur depuis plus d’une trentaine d’années ; je fais partie de ceux qui ont réprouvé l’utilisation des produits phytosanitaires, notamment des insecticides. À chaque fois, que, sur ce sujet, je me suis opposé au technicien agricole de la chambre d’agriculture, qui est en même temps un conseiller de gestion, celui-ci m’a répondu qu’il fallait que j’utilise ces produits afin d’assurer le retour sur investissement. Selon lui, en n’utilisant pas ces produits, j’aurais diminué mon rendement, donc mon revenu.

Je ne vois pas pourquoi, à l’époque, encouragé d’ailleurs par la politique agricole, je n’aurais pas recouru, en qualité d’agriculteur, à ces produits phytosanitaires pour améliorer mes rendements !

L’innovation par la recherche a permis d’améliorer le potentiel de la production céréalière. D’ailleurs, l’augmentation des rendements a pesé sur les cours et, sans le soutien de la politique agricole, nous ne serions pas aujourd'hui dans la même situation.

Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : nous devons avoir le courage de dire les raisons pour lesquelles nous en sommes arrivés là ! J’ai éprouvé le besoin d’apporter cette précision pour que l’opinion publique soit au courant de la situation lorsqu’elle prendra connaissance de ce texte.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’étais favorable à l’amendement n° 123 rectifié de Rémy Pointereau. À mon sens, le deuxième alinéa de l’article 28 n’apporte rien au texte. Je suis désolé de m’écarter de la position de M. Guillaume, mais le troisième alinéa se suffit à lui-même. Il montre bien que le Gouvernement souhaite que le monde agricole tourne le dos à la production intensive tout en essayant de trouver un équilibre sur les plans économique et environnemental : l’objectif est d’offrir aux Français une alimentation saine, mais de permettre en même temps aux agriculteurs de vivre correctement de leur production. Ces derniers n’ont jamais demandé à être subventionnés pour leur production ; ils veulent en vivre, tout comme on vit de son produit dans l’industrie ou de son salaire dans les entreprises.

Aujourd'hui, par exemple, on annonce aux producteurs betteraviers que le prix de la tonne de betterave va baisser, mais que la différence ne leur sera que partiellement compensée. Qui accepterait de voir son salaire diminué compte tenu d’une compensation seulement partielle ? C’est pourtant bien la situation que nous connaissons dans l’agriculture !

Mes chers collègues, je m’étonne que personne n’ait soulevé ce point. Pour ma part, je vis cette situation quotidiennement. Je suis encore en exercice et je sais de quoi je parle ! Je vous invite à venir dans mon exploitation agricole, à examiner ma comptabilité et à regarder mes résultats économiques : peut-être pourrez-vous ainsi comprendre la situation dans laquelle je me trouve ! Je ne sais pas si la situation de mon département est tellement différente de celle de la Haute-Marne, de l’Alsace ou de la Dordogne, mais, je le répète, je sais de quoi je parle !

Je maintiens par conséquent l’amendement n° 370.

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