Intervention de Denis Badré

Réunion du 14 décembre 2004 à 15h00
Loi de finances pour 2005 — Vote sur l'ensemble

Photo de Denis BadréDenis Badré :

Monsieur le ministre, un projet de loi de finances est l'instrument d'une politique. Il doit pour cela marquer d'abord clairement le chemin. Nos compatriotes sont prêts à comprendre que le monde est ouvert et que les temps sont difficiles. Ils attendent un discours de vérité. Caractériser et identifier clairement les choix que nous leur proposons, c'est les respecter.

Cela dit, monsieur le ministre, vous avez accepté certains amendements du groupe de l'Union centriste. Sur d'autres, vous avez ouvert des perspectives. Vous avez reconnu le bien-fondé de nos propositions, même si vous ne pouviez pas les retenir dans l'immédiat compte tenu de la difficulté des temps. Mais le groupe de l'Union centriste, à l'exemple de M. Jean Arthuis, est attaché à la rigueur au moins autant qu'à la vérité. Nous avons donc accepté de retirer ces amendements, d'autant que vous vous êtes engagé, monsieur le ministre, à beaucoup travailler pour qu'ils ne soient pas oubliés. Vous vous êtes même engagé à le faire le plus souvent avec nous. Nous vous suivrons, monsieur le ministre, dans cette voie. Je crois même que nous vous y attendons déjà ! Je pense donc que nous devrions faire ensemble du bon travail.

Il reste un point clé, sur lequel je serai plus critique.

Les recettes de ce projet de loi de finances sont surestimées, mais elles n'étaient évidemment pas faciles à prévoir. Le taux de croissance, qui s'était réorienté à la hausse, hésite de nouveau. Les cours du baril de pétrole et du dollar, ainsi que les perspectives à court terme, n'ont rien d'engageant.

Mais il y a plus grave encore, monsieur le ministre, que cette surestimation des recettes, que nous devons bien subir car nous n'avons pas forcément les moyens de l'anticiper complètement : les dépenses inscrites dans le projet de loi de finances sont sous-estimées. Sur ce point, votre responsabilité est plus directement engagée. Pourquoi ne pas avoir mieux estimé, par exemple, les dépenses au titre du fonds de financement des prestations sociales agricoles, le FIPSA, ou de la rémunération des fonctionnaires ? Par ailleurs, nous le savons tous - vous probablement encore plus que nous -, il y aura en 2005 des opérations extérieures, parce que le monde est ce qu'il est et parce que la France, notre pays, a vocation à servir la paix.

Dans ce contexte de surestimation des recettes et de sous-estimation des dépenses, le déficit en exécution sera certainement plus lourd que ne le prévoit le projet de loi de finances pour 2005. Et c'est bien inquiétant à de nombreux égards.

Nous souscrivons totalement à votre choix de réduire d'abord le déficit. C'est en effet la première démarche à accomplir pour oser parler de développement durable. Compte tenu du poids de la dette et des inerties dans ce domaine, il faut aller vite pour refaire le chemin perdu et il faut frapper fort. Nous ne voulons plus vivre aux crochets de nos enfants, nous ne voulons plus nous laisser porter ou protéger par nos partenaires de l'Union monétaire pour aller de l'avant. Nous ne voulons plus que les facilités que nous nous permettons soient payées par les pays en développement qui verraient s'assécher, à cause de ces facilités, les ressources financières dont ils ont plus cruellement besoin que nous.

Respectons nos enfants, ...

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