Monsieur le sénateur, je vous prie de bien vouloir excuser Luc Chatel, ministre de l’éducation nationale. Il vous aurait répondu bien mieux que moi, mais il se trouve en ce moment même avec le Président de la République pour présenter la réforme du lycée, qui devrait constituer l’un des éléments de réponse à la question que vous posez.
Le ministre de l’éducation nationale a pris la pleine mesure de la situation évoquée par la note de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance à laquelle vous faites référence et qui confirme des études antérieures et convergentes.
Dans le cadre de la réforme de l’enseignement primaire, le Gouvernement s’est fixé des objectifs précis destinés à assurer la réussite de chaque élève et à lutter contre l’échec scolaire : d’abord, diviser par trois, en cinq ans, le nombre d’élèves qui sortent de l’école primaire avec de graves difficultés ; ensuite, diviser par deux le nombre d’élèves ayant pris une année de retard dans leur scolarité.
Pour atteindre ces objectifs et garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l’acquisition du socle commun de connaissances et de compétences, de nouveaux programmes recentrés sur les enseignements fondamentaux sont entrés en application à la rentrée scolaire 2008-2009 dans toutes les classes des écoles maternelles et élémentaires.
Deux dispositifs sont également entrés en vigueur à la rentrée scolaire 2008-2009.
Premier dispositif : la mise en place de deux heures hebdomadaires d’aide personnalisée et l’organisation de stages de remise à niveau. La suppression de la classe le samedi matin a permis, depuis la rentrée 2008, de libérer deux heures chaque semaine dans l’emploi du temps des enseignants et de les consacrer aux élèves qui éprouvent des difficultés dans leurs apprentissages.
Ces deux heures hebdomadaires d’aide personnalisée ont bénéficié à près d’un million d’élèves l’an passé, sans compter les stages de remise à niveau proposés aux élèves de CM1 et de CM2 pendant les vacances de printemps et d’été pour lesquels les enseignants n’ont pas hésité à se porter volontaires, témoignant ainsi du haut niveau de conscience professionnelle de leur corps, n’est-ce pas, monsieur Mazuir ?
Deuxième dispositif : les nouvelles évaluations nationales en CE1 et CM2 qui permettent le repérage objectif des difficultés des élèves.
Il s’agit de faire le bilan des acquis de tous les élèves scolarisés dans les écoles publiques et privées sous contrat, en français et en mathématiques, à deux moments clé de la scolarité primaire : la fin du CE1 et la fin du CM2.
Il ne s’agit plus seulement de repérer les élèves en grande difficulté et d’analyser cette difficulté mais, pour chaque élève, d’être confronté au niveau défini par le programme.
Instrument commun de mesure, les évaluations constituent donc le cœur de la réforme de l’école primaire.
Ces nouvelles évaluations, qui s’appuient sur les progressions fixées par les programmes, ont un objectif : permettre aux professeurs de connaître précisément le niveau de chaque élève par rapport aux objectifs fixés pour, le cas échéant, redresser la barre avant que les difficultés ne s’accumulent.
Grâce à ces évaluations, la nation s’est dotée d’un moyen de placer tous les élèves face à la même référence nationale, où qu’ils soient et d’où qu’ils viennent.
C’est une sorte de rendez-vous républicain qui est offert à chaque élève pour faire en sorte de lui offrir un traitement adapté en cas de difficulté.
Vous le voyez, monsieur Biwer, faire progresser les résultats de chaque élève et aider ceux qui rencontrent des difficultés à les surmonter sont les préoccupations constantes du ministère de l’éducation nationale ! Les nouvelles évaluations mises en place à l’école primaire contribuent à atteindre ces objectifs.
Je vais maintenant m’exprimer à titre purement personnel. Ce qu’il faut bien voir, c’est que les élèves du primaire sont probablement beaucoup plus savants aujourd’hui que nous ne l’étions à leur âge dans les mêmes classes. Mais ils ne connaissent pas les mêmes choses que nous.
Les nouvelles technologies leur offrent une ouverture sur le monde entier et leur apportent, dans quantité de domaines, des notions qu’ils approfondissent grâce à l’ordinateur. Mais, en même temps, elles les libèrent du carcan des programmes sans qu’on sache très bien où les élèves vont vagabonder !
Les enseignants sont donc confrontés à un nouveau défi. Jusqu’alors maîtres du savoir, il leur faut apprendre à devenir guides vers le savoir, ce qui est tout à fait différent et change le métier. Il faut en avoir pleinement conscience.
En même temps, on s’interroge sur l’opportunité de la réforme de l’orthographe.
Dans ces conditions, la mise en place d’un système de référence nationale peut permettre de faire progresser tout le monde et pas seulement les virtuoses de la Toile, qui savent aller y chercher telle ou telle connaissance. Car tel est bien là le fondement républicain de notre système d’éducation !