Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 2 mars 2005 à 21h30
Réforme de l'organisation du temps de travail dans l'entreprise — Article 2

Photo de Roland MuzeauRoland Muzeau :

Permettez-moi simplement, monsieur le président, de formuler quelques remarques générales.

Nous avons les oreilles rebattues par deux slogans : « travailler plus pour gagner plus » et « rétablir la liberté de choix ».

Je souhaiterais citer une nouvelle fois quelques passages d'un article écrit par un professeur de sciences économiques à l'université Paris-X, M. Olivier Favereau, dont les idées sont très intéressantes. Celui-ci écrit : « On voit parfaitement la cohérence commune aux deux slogans : une relecture hyperindividualiste des relations du travail. Chaque salarié est invité à tirer son épingle du jeu, en proposant à son employeur de travailler plus longtemps. On peut même redouter une mise en concurrence des salariés, où travailler plus longtemps signifierait travailler plus longtemps que son voisin. »

Ce passage nous permet de bien mesurer cette course à l'impossible, cette course en direction d'une catastrophe annoncée, à savoir la dégradation faramineuse des conditions de travail et de vie des salariés.

Un autre économiste, M. Giulio Palermo, indique ceci : « Mais qui est donc réellement plus libre ? Le travailleur qui peut enfin vendre une partie plus importante de sa journée de travail - pour obtenir toujours le même sacré morceau de pain - ou le patron qui peut enfin acheter une partie plus importante de la journée de travail du travailleur ? » Il ajoute, pour forcer le trait : « Le malheureux qui peut vendre un rein, ou celui qui peut se l'acheter ? Sur le marché nous sommes loin d'être tous égaux. Il y a toujours un côté fort et un côté faible. Le travailleur a besoin de travailler pour vivre, le patron a besoin de faire travailler pour s'enrichir. »

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