Avec cet amendement, qui pose la question cruciale de l'augmentation des moyens consacrés à l'école du xxie siècle, je souhaite revenir sur la situation actuelle du corps enseignant et, plus largement, sur celle de la communauté éducative.
L'un et l'autre ont été victimes des mesures d'austérité appliquées depuis 2002 par M. Raffarin à l'éducation nationale.
Les différents observateurs évaluent à 50 000 le nombre de postes concernés, tous corps confondus- enseignants, assistants d'éducation, ATOSS. Pour ma part, j'ai entendu des chiffres encore plus élevés. Peut-être nous apporterez-vous des précisions sur ce point.
Le monde de l'éducation est stigmatisé par les milieux détenteurs de l'orthodoxie budgétaire. Alors que l'immense majorité de la population considère que l'investissement de la société dans l'éducation est une priorité absolue, certains responsables politiques ont trop souvent l'habitude de désigner à la vindicte populiste les prétendus gâchis de l'éducation nationale.
Comme dans toutes les grandes administrations, des correctifs sont à apporter et la lutte contre la bureaucratie doit constituer une priorité. Mais, pour un dirigeant politique, les grands axes et la perspective doivent tracer le chemin.
Les enseignants et la communauté éducative sont les acteurs de l'école. Chaque jour, ils ont la charge de nos enfants et, très souvent, font face à des situations pénibles et difficiles.
Depuis vingt ans, les conditions de travail des enseignants se sont considérablement détériorées. Ils sont aux premières loges de la crise et, bien souvent, c'est à eux que l'on confie la mission impossible de régler tous les maux et toutes les tensions de la société.
Si le chômage ravage une famille, c'est l'institutrice qui, auprès de l'enfant, doit en pallier les conséquences. L'échec d'un couple entre également dans l'enceinte de l'école, et les enseignants sont souvent amenés à en gérer les conséquences sur l'élève concerné. En matière de drogue, l'école doit aussi remplir un rôle de prévention, de diagnostic et de prise en charge. Si la violence se déclare, il appartient là encore au professeur de devenir auxiliaire de sécurité. Si la laïcité est mise en cause, c'est au proviseur d'être le garant des valeurs républicaines.
Ces quelques exemples, rapidement présentés, attestent bien l'énormité de la tâche qui incombe à la communauté éducative. Je regrette, monsieur le ministre, que l'hommage dû à ces femmes et à ces hommes se mue bien trop souvent en mépris, voire en dénonciation de privilèges supposés.
Levons les tabous ! Quel est le salaire d'un professeur certifié ayant près de vingt ans d'ancienneté ? Ces hommes et ces femmes d'un haut niveau de formation touchent entre 1 800 et 1 900 euros nets ! Les plus malintentionnés flatteront les commentateurs de comptoir en évoquant les vacances. Mais connaissez-vous la situation de stress d'un enseignant à la fin d'une journée de classe ? Connaissez-vous le temps réel cumulé qu'ils consacrent au travail de préparation, aux cours, aux réunions, aux rencontres avec les parents ? Il faut tout mettre sur le tapis.
Il y a un instant, nous sommes revenus sur le rapport pernicieux de la Cour des comptes. Je dénonce de nouveau cette nouvelle tentative de caricaturer une catégorie de personnels autrefois si valorisée - rappelons-nous la Gloire de mon père, de Pagnol - et aujourd'hui montrée du doigt, considérée comme une catégorie de « nantis ».
Il faut prendre le contre-pied de ce dénigrement et assurer des conditions de travail dignes qui permettent la réussite scolaire. Pour ce faire, il faut recruter, monsieur le ministre, et non faire le contraire.
Par ailleurs, il faut, de toute urgence, corriger les dégâts résultant de la suppression des emplois-jeunes et des assistants d'éducation. Notre collègue Gélita Hoarau en a fortement dénoncé les méfaits à la Réunion. Ce constat vaut pour tout notre territoire.
L'école, ce n'est pas seulement le cours. C'est aussi la vie de l'établissement, c'est l'apprentissage de la citoyenneté, des règles de vie collective. Il faut restaurer la communauté scolaire dans sa plénitude.
C'est le sens de cet amendement, dont l'adoption permettrait d'adresser un message au monde de l'école.