Intervention de Hélène Luc

Réunion du 16 mars 2005 à 15h00
Avenir de l'école — Article 2

Photo de Hélène LucHélène Luc :

Avec le paragraphe I de l'article 2, vous nous proposez de définir la mission première de l'école dans notre pays.

Cette modification du code de l'éducation s'insérerait après le premier alinéa de l'article L.111-1, qui affirme le caractère de première priorité nationale à notre éducation.

Et vous renforcez l'importance de cette mission première en plaçant votre réforme avant l'énoncé du deuxième alinéa, qui précise : « Le droit à l'éducation est garanti à chacun afin de lui permettre de développer sa personnalité, d'élever son niveau de formation initiale et continue, de s'insérer dans la vie sociale et professionnelle, d'exercer sa citoyenneté. » Je crois d'ailleurs rejoindre là le propos de Mme Dini.

En faisant une telle proposition, vous nous demandez d'entériner le fait que, dorénavant, la mission première de l'école ne serait plus de permettre à chaque élève de développer sa personnalité, ni d'élever son niveau de formation, ni de s'insérer dans la vie sociale et professionnelle, ni d'exercer sa citoyenneté. En un mot, le rôle fondamental de l'école ne serait plus la transmission des connaissances.

Il y a là une question de fond dont nous devons nous saisir et débattre.

Pour vous, donc, la mission première de l'école est de faire partager aux élèves les valeurs de la République. Outre que ce texte ne porte en lui-même aucun nouvel élément normatif, cette formulation valorise tout particulièrement cette mission au regard des autres.

Certes, les missions de l'école doivent s'appuyer sur une dimension morale et civique et obéir, comme nous l'avons dit précédemment, aux principes universels hérités du Siècle des lumières, de notre révolution française concernant, en particulier, les droits de l'homme et du citoyen, et des lois républicaines édictées depuis, en particulier les lois sur la laïcité.

Mais décider que la mission première est de transmettre ces valeurs nous paraît pour le moins restrictif. En effet, cette transmission ne peut se faire seulement de façon incantatoire. Elle doit trouver, dans la pratique, sa propre pédagogie.

C'est donc bien en énonçant l'ensemble des droits figurant au deuxième alinéa actuel que nous mettons en oeuvre les valeurs de notre République, les rendant ainsi visibles et lisibles par toutes et par tous.

Hiérarchiser ces principes est un exercice impossible, tant ils sont imbriqués et régissent dans leur globalité les missions du service public de l'éducation.

C'est pourquoi le rôle de l'école ne peut se borner à la transmission des valeurs de notre République, aussi universelles qu'elles puissent être - et vous savez, mes chers collègues, à quel point je pense qu'elles le sont.

Dans ces conditions, pour ne pas bouleverser les missions actuelles de notre école et ne pas hiérarchiser les objectifs prioritaires de celle-ci, nous proposons de remplacer le mot « première » par le mot « essentielle », afin de témoigner malgré tout de l'importance que nous souhaitons accorder, dans notre école, à la mission de transmission des valeurs républicaines.

J'indiquerai, pour conclure, que la meilleure façon de porter les valeurs de la République serait qu'une très grande majorité des enfants réussissent à l'école.

J'ose espérer, mes chers collègues, que vous voterez en faveur de l'adoption de cet amendement. Ce sera peut-être le seul de nos amendements que vous approuverez, mais je pense qu'il mérite vraiment de l'être.

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