L'évolution de la société et l'évolution de l'économie rendent nécessaires l'actualisation et le renouvellement des connaissances tout au long de la vie. En fait, l'évolution des technologies est si rapide de nos jours que beaucoup de formations initiales, tant générales que professionnelles, deviendraient rapidement obsolètes si elles n'étaient actualisées. Du fait même des progrès scientifiques et techniques, des spécialités professionnelles disparaissent, d'autres émergent tout aussi rapidement, obligeant certains professionnels à se reconvertir. Les adaptations et les reconversions nécessaires demandent alors de suivre une formation dans des disciplines connexes à la spécialité professionnelle déjà acquise, ce qui exige, pour être efficace, une solide formation générale de la part des salariés concernés.
Bref, tout pousse aujourd'hui au développement rapide de la formation continue - ou « formation tout au long de la vie », selon la nouvelle terminologie - s'appuyant sur une formation initiale de qualité. L'expérience montre en effet qu'il ne saurait y avoir de formation continue efficace sans formation initiale de qualité.
Ainsi, les statistiques officielles indiquent que 10, 3 milliards d'euros ont été consacrés à la formation continue en 2003, soit 9, 3 % de la dépense totale d'éducation ; mais elles indiquent aussi que ces formations ont principalement bénéficié aux salariés les plus diplômés, cadres moyens ou supérieurs.
Cette situation constitue une injustice pour les personnes de condition modeste et une source de gâchis pour l'économie et pour la nation qui doit consacrer chaque année des sommes très importantes à l'indemnisation du chômage et à la recherche de dispositifs destinés à permettre aux salariés concernés de retrouver un emploi.
C'est pourquoi nous pensons que la formation tout au long de la vie doit devenir un droit pour tous les salariés. Cette formation peut être délivrée soit par des organismes privés, soit par le service public d'éducation nationale grâce, par exemple, aux groupements d'établissements, les GRETA.
Afin d'éviter les dérives, nous proposons que les commandes de formations et financements publics provenant des entreprises ou services publics ou liés aux services publics soient réservés, autant que faire se peut, aux établissements publics de formation et aux entreprises privées à but non lucratif.
Des processus de validation des formations acquises devront être mis en place dans le respect du principe de la maîtrise par l'Etat de la délivrance des diplômes, les qualifications acquises devant être prises en compte dans la progression des carrières et des rémunérations. Une attention particulière devra être accordée aux chômeurs peu ou pas qualifiés, notamment les jeunes, et aux salariés âgés de plus de cinquante ans.
A nos yeux, cette proposition s'intègre dans une proposition d'une importance sociale décisive que nous appelons de nos voeux : la mise en place d'un système de sécurité emploi-formation garantissant tout au long de la vie la permanence d'une rémunération, quelle que soit la position momentanée du salarié par rapport à l'emploi. L'idée progresse, si j'ai bien compris les discours de M. Borloo et de certains syndicalistes !