Madame la ministre, sans qu’il y ait eu la moindre concertation, l’annonce du départ de Narbonne de l’escadron de gendarmerie mobile est tombée d’une manière on ne peut plus brutale, provoquant stupeur, incompréhension et colère.
Parmi les casernes qui hébergent des escadrons de gendarmerie mobile en France, la caserne Montmorency est certainement la plus récente et l’une des plus fonctionnelles. J’étais d’ailleurs allé plaider auprès du ministre de la défense en faveur du projet de construction de l’établissement, que certains élus locaux contestaient.
Je l’avais fait, d’abord, parce que les anciens bâtiments non seulement étaient loin d’être fonctionnels, mais en outre ne répondaient pas du tout aux normes de sécurité en vigueur.
Je l’avais fait, surtout, parce que j’estimais que cet important investissement serait garant de la pérennisation de l’escadron de gendarmerie mobile à Narbonne, pérennisation que le ministre lui-même, lors de ma troisième visite en son ministère – voyez comme je suis précis ! – m’avait confirmée.
Et voilà qu’aujourd'hui l’on remet en cause cet engagement !
J’entends parler, ici ou là, de restrictions budgétaires et de la nécessité de réaliser des économies en raison du contexte actuel. Mais alors, raison de plus pour maintenir l’escadron de la mobile sur Narbonne ! Il faut savoir, en effet, que la caserne Montmorency permet d’héberger l'ensemble des personnels et de leurs familles alors que, dans d’autres villes, les logements des gendarmes sont loués auprès de bailleurs privés, ce qui représente un coût particulièrement élevé pour le budget de l’État.
J’entends dire aussi qu’il faut être soucieux des deniers publics. Or le Gouvernement s’apprête à fermer les portes d’une caserne récemment construite et qui, de surcroît, vient de faire l’objet, en 2009, de travaux importants de rénovation. On peut du reste s’interroger sur le devenir de ces bâtiments.
Dès lors, une question se pose : cet escadron ferait-il les frais d’un choix très politique ?
Je voudrais que vous compreniez le sentiment de colère éprouvé par la population, les acteurs économiques et l'ensemble des élus face à une telle menace. J’appelle votre attention sur les conséquences que ne manquerait pas d’entraîner, pour l’économie locale, le départ de quelque cent vingt familles de militaires ; des familles qui, absolument certaines de la pérennité de l’escadron dans cette ville, se sont, de plus, investies dans la vie narbonnaise.
Je rappelle également que l’économie locale a déjà été très affectée par le départ de la recette des .finances, de la Banque de France, de l’Onivins, ainsi que par les réductions drastiques des effectifs de la base aérienne ou de la SNCF. Tout cela commence à faire beaucoup !
Il n’est donc pas acceptable qu’un nouveau coup soit porté à cette ville et à ce département, déjà affecté par une crise viticole sans précédent.
J’en appelle donc à une vraie solidarité nationale. Je demande qu’il soit tenu le plus grand compte, d'une part, de l’engagement qui a été pris quant à la pérennisation de cette unité de gendarmerie mobile et, d'autre part, du contexte spécifique de cette ville et du département de l’Aude, déjà victimes de coupes claires dans le domaine des services publics.
Madame la ministre, je veux donc espérer que vous allez nous apporter, à la faveur du réexamen du dossier, toutes assurances quant au maintien, à Narbonne, de l’escadron de gendarmerie mobile et de ses cent vingt familles.