Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous voici parvenus au terme de ce débat d’orientation des finances publiques pour 2012.
Alors que vous venez de prendre vos importantes fonctions, madame Pécresse, je crois pouvoir dire que le décor est planté.
La séquence qui a débuté avec l’année civile et qui se clôt aujourd’hui est la première à s’inscrire dans le cadre du nouveau semestre européen. Elle a permis l’examen du programme de stabilité de la France et des observations de la Commission européenne, utile innovation que la commission des finances s’honore d’avoir inscrite au calendrier du Parlement. Elle a culminé dans le débat autour de la révision constitutionnelle et de l’inscription dans notre loi fondamentale du principe de cohérence entre l’objectif de retour à l’indispensable équilibre des comptes publics et le contenu des lois financières. Elle a été complétée par le collectif consacré à une révision de notre fiscalité du patrimoine. Autant dire que les finances publiques ont été, plus que jamais, au centre des discours, des réflexions et des votes du Parlement.
Au terme de ces six mois de paroles et d’arguments échangés, quel bilan faut-il retenir ? Sommes-nous devenus plus sages en matière budgétaire ?
J’ai prêté la plus grande attention aux propos des représentants du Gouvernement et aux vôtres, mes chers collègues. Je reconnais les avancées réalisées ces derniers mois, à la faveur de la crise la plus grave que nous ayons connue depuis la Seconde Guerre mondiale, dans le sens d’une meilleure prise en compte des contraintes qui pèsent sur notre économie et nos finances publiques. Mais, autant l’avouer d’emblée, j’ai parfois l’impression, à entendre les discours tenus autour de moi, que je ne vis pas dans le même monde que certains de mes interlocuteurs et néanmoins amis. Les mots sonnent juste, l’intonation est parfaite, mais les actes ne sont pas là !
Je pense à l’absence de plus en plus criante de compétitivité de notre fiscalité, véritable accélérateur de délocalisations. Je pense également à la lenteur avec laquelle nous nous hâtons sur le chemin du retour à l’équilibre budgétaire. Sans vouloir lasser à l’excès mon auditoire à jouer les Cassandre, je me vois une nouvelle fois contraint de regretter un manque de courage collectif auquel je refuse de me résigner.
Jusqu’à quand ce véritable déni de réalité va-t-il affliger notre pays ? Quand saisirons-nous enfin la juste mesure des choses ? J’avoue parfois me prendre à désespérer lorsque je vois un Gouvernement, que je soutiens par ailleurs, persister à faire comme si notre croissance pouvait retrouver un taux pérenne de 2, 5 % l’an et une opposition tenir peu ou prou un discours similaire lorsqu’elle fait des projections budgétaires