Intervention de Claude Greff

Réunion du 5 juillet 2011 à 10h00
Questions orales — Suicides d'agriculteurs

Claude Greff, secrétaire d'État auprès de la ministre des solidarités et de la cohésion sociale, chargée de la famille :

Monsieur le sénateur, je vous demande de bien vouloir excuser Bruno Le Maire, retenu à son ministère par une réunion sur la contractualisation interfilière. Je tiens à vous dire combien je m’associe à ses propos. Vous interrogez, en effet, le ministre de l’agriculture sur une question extrêmement difficile, celle du suicide en agriculture. Les causes de cet acte désespéré sont évidemment le plus souvent multiples : économiques, sociales ou psychologiques. Il importe d’agir sur l’ensemble d’entre elles. Sachez que le Gouvernement s’y efforce, ô combien !

C’est dans ce but que Bruno Le Maire s’attache à apporter à nos agriculteurs des réponses concrètes, à leur ouvrir des perspectives à long terme et à défendre un modèle d’agriculture à la fois protecteur, stable et régulé.

C’est, bien sûr, l’un des objectifs clés de la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche qui a jeté les bases d’un nouveau modèle agricole. C’est aussi tout le sens du combat que Bruno Le Maire mène, aux niveaux européen et international, en faveur de la régulation et contre la volatilité excessive des cours des matières premières agricoles. Il s’agit, plus que jamais, de donner à nos agriculteurs les moyens d’envisager l’avenir de leur activité de façon plus sereine.

Au-delà, le Gouvernement s’emploie à traiter les autres facteurs de fragilités à l’origine de cet acte. Bruno Le Maire a ainsi annoncé, le 31 mars dernier, à Rennes, un plan de prévention du suicide dans le monde agricole. Il a confié à la Mutualité sociale agricole le soin de mettre en œuvre ce plan qui s’intégrera dans le Programme national d’actions contre le suicide que présentera prochainement la secrétaire d’État chargée de la santé, Mme Nora Berra.

Ce plan comporte trois axes.

Le premier est une meilleure connaissance de ce phénomène – c’est important. La MSA et l’INVS constitueront un groupe de professionnels chargé d’établir des données fiables et d’identifier au plus près des pistes de travail. Ce groupe remettra sa première étude à la fin de l’année 2011.

Le deuxième axe est la mise en place de dispositifs d’écoute pour les agriculteurs en situation de détresse. L’écoute est essentielle. Les personnels des plates-formes téléphoniques des réseaux d’aide à distance spécialisés seront formés à cette fin et pourront renvoyer les agriculteurs en détresse vers la MSA, qui prendra le relais, un relais humain, pour apporter une réponse sur mesure à leurs problèmes.

Enfin, le troisième axe est la création de cellules de prévention dans chaque caisse de la MSA pour repérer les agriculteurs en difficulté. C’est un élément d’une très grande importance. Ces cellules regrouperont des compétences variées – médecins du travail, assistantes sociales, psychologues, tous très ouverts et attentifs aux autres – et seront chargées de repérer les agriculteurs fragiles et de prendre contact avec eux pour prévenir toute tentative de suicide. Elles assureront un suivi afin de prévenir les récidives.

Monsieur le sénateur, il n’y a malheureusement pas de solution miracle et définitive à ce phénomène. Soyez néanmoins assuré que le Gouvernement met tout en œuvre pour combattre les situations de trop grande détresse.

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