Intervention de Jean-Pierre Jouyet

Réunion du 17 juin 2008 à 10h00
Conseil européen des 19 et 20 juin 2008 et présidence française de l'union européenne — Débat sur une déclaration du gouvernement

Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'État :

Avec rigueur, parce que notre unique objectif est de servir l’intérêt collectif des Européens et de faire progresser honnêtement tous les dossiers avec l’ensemble de nos partenaires afin d’apporter des réponses concrètes aux préoccupations de nos concitoyens.

C’est pourquoi nous nous efforcerons de dégager un accord politique sur le paquet « énergie-climat », qui nous permet de contenir les effets du changement climatique en réduisant de 20 % les émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2020 et qui promeut le développement des énergies renouvelables. C’est un élément clé de l’exemplarité que nous voulons pour l’Europe, pour conforter son rôle moteur dans les négociations internationales sur le climat en vue de la conférence de Copenhague en 2009. La question du prix de l’énergie sera bien sûr également au cœur de nos préoccupations.

Au-delà du paquet « énergie-climat », la France souhaite également contribuer sous sa présidence à l’amélioration de la sécurité énergétique européenne par des actions visant à mieux maîtriser la consommation d’énergie, à faire fonctionner l’espace européen de façon unifiée et solidaire et à renforcer la politique extérieure européenne en matière d’énergie.

De ce point de vue, les négociations que nous aurons sous présidence française avec la Russie dans le cadre du partenariat que nous devons établir entre l’Union et ce pays seront déterminantes.

L’Union sera alors en mesure de mieux assurer sa sécurité énergétique à court et à long terme. Cela suppose un esprit de solidarité entre États de l’Union et un devoir de responsabilité pour chacun d’entre eux, que nous devons assurer notamment à l’égard des pays d’Europe centrale et orientale entièrement dépendants de la Russie sur le plan énergétique.

Autre projet politique concret, nous proposons un pacte européen sur l’immigration et l’asile qui engage, pour la première fois, les États membres et les institutions européennes à des lignes de conduite communes pour gérer les flux migratoires, dans tous leurs volets : immigration économique, lutte contre l’immigration illégale, contrôle des frontières, politique de l’asile et stratégie de développement en partenariat avec les pays d’origine.

Être concret, c’est également faire de la politique agricole commune une politique moderne et durable. Dans un contexte d’offre mondiale insuffisante, la politique agricole commune doit être renforcée. Elle doit aussi être adaptée aux attentes des consommateurs européens, qui souhaitent consommer des produits alimentaires sûrs, structurer le développement économique de nos territoires, investir dans la recherche, favoriser les productions durables, simplifier les mécanismes d’aides et permettre la stabilisation des marchés au moyen d’instruments efficaces de gestion des risques climatiques et sanitaires.

Autre ambition de la présidence française de l’Union européenne : la relance de l’Europe de la défense. Comme le montre l’expérience de ces dix dernières années, le développement de la politique européenne de sécurité et de défense dépend moins du cadre institutionnel que de la volonté politique.

Parce que les moyens des Européens ne sont pas à la hauteur des crises et des menaces actuelles et futures, nous nous sommes donné les objectifs suivants : doter l’Union européenne d’une stratégie de sécurité actualisée pour la prochaine décennie afin de mettre à jour l’analyse commune des nouvelles menaces ; renforcer les capacités civiles et militaires de gestion des crises autour de nouveaux projets capacitaires structurants, même si ceux-ci n’étaient initiés que par quelques pays ; nous devrons enfin faire un effort important pour l’industrie de défense, et notre objectif sera de parvenir à un accord politique sur le paquet « défense » de la Commission européenne.

Notre ambition s’inscrit dans une vision politique renouvelée de la politique européenne de sécurité et de défense, dans une approche prenant en compte la complémentarité entre la défense européenne et l’OTAN.

Enfin, nous poursuivrons les efforts en cours sur la stabilisation des marchés financiers, la stratégie en faveur de la croissance et de l’emploi, l’Europe de l’avenir et le renouvellement de l’agenda social de l’Union européenne.

Je voudrais ici insister sur ce dernier point. La présidence française aura un programme social très dense. Nous aurons à travailler ensemble sur la lutte contre les discriminations, les échanges d’étudiants et d’apprentis, la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, la mobilité des patients, la révision de la directive sur les comités européens d’entreprise, la « flexicurité », ainsi que les réflexions que souhaite engager Martin Hirsch sur l’inclusion active, le retour à l’emploi et les services sociaux d’intérêt général.

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