Regardons autour de nous. Le Japon a une dette publique supérieure à 150 % de son PIB, mais il dispose des deuxièmes réserves de change du monde. À l’inverse, les Etats-Unis, dont l’endettement conjugué des ménages et de l’État a gonflé la dette extérieure jusqu’à représenter dix-huit mois d’exportations, sont exposés à une crise de leurs paiements extérieurs et de leur monnaie, qui, chacun le sait, est aussi la monnaie mondiale.
La France, quant à elle, n’est pas menacée de faillite par la taille de sa dette publique, comparable voire inférieure encore à celle de nombre de pays développés : les États-Unis, le Japon, l’Italie, la Belgique.
Ce qui la menace, c’est la perte de compétitivité du site de production national, notamment automobile, du fait de la surévaluation de l’euro, de l’atonie de la demande en Allemagne et en Italie, du processus continu de délocalisation au bénéfice des pays à bas coûts salariaux et de l’absence totale de protection du marché européen. En 1992, le niveau moyen des droits de douane était de 14 %, contre 1 % à peine aujourd'hui.
La dette publique n’est qu’un élément parmi d’autres. Les ménages français sont moins endettés que les ménages américains – ils le sont à hauteur de 60 % de leurs revenus, contre 150 % aux États-Unis –, et ils le sont même moins que les ménages britanniques ou espagnols.
La dette doit donc être appréciée dans sa globalité, quels que soient les acteurs qui la portent.