En définitive, en liaison avec les collectivités territoriales - régions et départements - chargées de suivre ces politiques sur le terrain, nous devons nous acharner à créer un véritable mécanisme d'évaluation des avantages de ce projet loi, afin de ne pas oublier l'élan que son vote va susciter.
Bien évidemment, il nous faudra avoir du tourisme dans les zones rurales une vision nouvelle. Un spécialiste allemand du tourisme ne me disait-il pas récemment que, dans ce domaine, il y a de l'argent à gagner en France dans ces zones ? En effet, si un certain nombre de « pays du soleil » qui se sont spécialisés dans le tourisme bon marché de la mer et du bronzage - l'Asie, la Tunisie - offrent des prix défiant toute concurrence, il s'ouvre aujourd'hui un nouveau marché : celui du tourisme de qualité et de proximité, dont les Allemands sont très friands.
Les Européens vont réinvestir les zones rurales. J'ai donc déposé plusieurs amendements, afin que soient favorisés de tels investissements touristiques, car ils sont indispensables.
J'en viens maintenant, pour ne pas être trop long, au problème des forestiers.
Ces derniers ne sont pas souvent cités comme des acteurs du développement rural, mais il faut vraiment les réhabiliter, car la forêt est réellement porteuse d'un développement économique rural. Je souhaite donc que, dans les mois à venir, un accent particulier soit mis sur les charges forestières.
Le forestier a été fortement réhabilité - et c'est un progrès ! - grâce aux discussions sur les dégâts causés par le gibier en forêt et on parle aujourd'hui des forestiers comme on ne l'a jamais fait depuis de longues années. Et, si le Parlement a pris conscience que la forêt était vraiment menacée par la densité du gros gibier, cela est dû non pas à l'économie ou à la richesse de la sylviculture, mais bien aux chasseurs.
Cette réelle prise de conscience a conduit à ce qu'un certain nombre de dispositions législatives nous soient proposées dans ce projet de loi. On peut certes les améliorer, mais c'est un débat difficile. En effet, les chasseurs et les forestiers, ce sont deux mondes différents, même si les chasseurs sont forestiers et les forestiers chasseurs : les uns et les autres sont schizophrènes et sont à l'origine des grands conflits, des grandes disputes du monde rural !
Profitons donc du fait qu'ils reviennent à la mode pour dire que, si la sylviculture est menacée par la chasse, les forestiers sont des agents économiques de premier ordre.
Les tempêtes de 1999 ont laissé la nation un peu désemparée et, les forêts étant rarement assurées, les forestiers n'ont pas bénéficié des indemnisations prévues au titre des catastrophes naturelles. Ils étaient donc démunis pour reconstituer les massifs qui avaient souffert.
A cet égard, si les forestiers n'étaient pas assurés, c'est que les primes d'assurance sont trop élevées par rapport aux revenus que produit l'exploitation d'une forêt. Or on ne peut s'assurer si l'on ne dispose pas de revenus suffisants. De plus, après les tempêtes, les primes d'assurance ont triplé, voire quadruplé.
Dans ces conditions, les forestiers, qui ont subi des pertes d'exploitation considérables, s'efforcent aujourd'hui, vaille que vaille, de reconstituer les forêts grâce aux aides octroyées par l'Etat.
A ce sujet, j'ai déposé un amendement visant à mettre en place un fonds de prévention. La création d'un tel fonds est d'ailleurs à l'étude depuis de longues années par le ministère de l'agriculture, mais elle se heurte probablement - je ne veux accuser personne - à une opposition terrible de Bercy.
Ce fonds, qui ne grèverait pas les finances de l'Etat, permettrait aux forestiers de constituer une épargne de précaution afin de faire face aux petits dommages d'origine climatique.
Lorsque l'on exploite une forêt, on connaît toujours des problèmes, que ce soit avec le gibier - ces dégâts sont traités par ailleurs -, avec la neige - c'est le cas dans ma région -, avec le vent ou les incendies - surtout dans le sud-ouest -, ...