J’essaie, dans ma vie politique, d’avoir une certaine constance dans mes jugements. Je comprends que tout le monde ne soit pas d’accord avec ceux que je peux émettre sur cet article, qui concerne le sport professionnel.
Un certain nombre d’entre nous sont, de par leur conception de la société, opposés au sport professionnel : tel est par exemple le cas de nos collègues Verts, qui ne veulent développer que le sport amateur.
C’est une vision des choses que je peux comprendre, mais que je ne partage pas. Selon moi, le sport professionnel est aujourd’hui un vecteur extrêmement puissant de rayonnement. Sur ce plan, la Coupe du monde de football est le deuxième événement sportif mondial après les jeux Olympiques, le troisième étant le championnat d’Europe des nations de football, l’Euro.
Aussi, quand le Gouvernement soutient la candidature de la France à l’organisation de l’Euro 2016, je l’approuve. Je pense que toutes les villes de notre pays possédant de grands équipements sportifs se porteront candidates pour accueillir cette manifestation.
Cependant, obtenir l’organisation de cette compétition suppose qu’un certain nombre de conditions soient réunies, car nous sommes en concurrence avec l’Italie, la Turquie, la Norvège et la Suède. De plus, il apparaît que c’est en France que l’on trouve les plus mauvais équipements, dans quelque discipline que ce soit. Nous avons donc un effort considérable à accomplir.
Ce constat étant posé, cet effort peut-il être fourni par les collectivités locales ou l’État ? Je ne le pense pas.
Pour l’Euro, par exemple, notre pays doit offrir deux stades de plus de 50 000 places, trois stades de plus de 40 000 places, quatre stades de plus de 30 000 places. Si nous ne remplissons pas cette condition dès le mois de novembre, notre candidature ne sera pas retenue.
Or quelle est aujourd’hui la collectivité locale capable de construire un stade accueillant plus de 50 000 personnes ? À ma connaissance, il n’y en a aucune. La construction d’un tel stade représente un investissement de 300 millions à 400 millions d’euros. Une telle somme, je préfère quant à moi, en tant que maire et président de communauté urbaine, l’investir dans le logement social, dans le développement des entreprises de technologies nouvelles, et laisser au club sportif qui le veut le soin de construire cet équipement.
Ce raisonnement ne vaut d’ailleurs pas que pour le football. En effet, le grand basketteur Tony Parker veut aujourd’hui monter dans l’agglomération lyonnaise un grand centre de formation, pour essayer de créer en France une élite dans le domaine du basket, sa motivation étant, selon ses propres termes, de rendre à son pays ce qu’il lui a apporté. Or, en tant que maire, je devrai lui répondre que nous ne pouvons pas réaliser les équipements routiers et de transports en commun nécessaires à la desserte de la salle qu’il entend financer, et il devra donc renoncer à son projet…
Pour construire leur stade, les villes n’ont finalement le choix qu’entre deux types de financement : les partenariats public-privé, les PPP, ou le financement complet du stade par le club, les collectivités territoriales se bornant à réaliser des voies d’accès. Telle est la solution retenue à Lyon.
Le PPP mis en œuvre dans le Nord, monsieur Raoult, coûtera 900 millions d’euros en charges brutes, et 300 millions d’euros en charges nettes, auxquels vont s’ajouter 174 millions d’euros de dépenses pour la réalisation des accès au stade, soit une dépense totale de 474 millions d’euros pour les collectivités locales – si tout va bien, car ces opérations sont toujours un peu risquées.
Pour l’équipement réalisé dans l’agglomération lyonnaise, le montage financier se décompose ainsi : le club investit 400 millions d’euros et l’ensemble des collectivités ainsi que l’État, pour les aménagements connexes, débourseront 180 millions d’euros. On mesure l’économie réalisée par les collectivités territoriales.
Mes chers collègues, si vous suivez quelque peu l’actualité sportive et si vous vous intéressez à l’économie du sport, vous aurez peut-être remarqué que, ces temps-ci, tous les journaux titrent sur le fait que les nouveaux stades pour l’Euro 2016 sont victimes de la crise. En effet, un certain nombre d’investisseurs privés sont en train de se retirer. Tel est le cas à Strasbourg : la construction d’un stade devait y être financée par le privé, pour 300 millions d’euros, mais, peut-être parce que nous n’avons pas adopté le présent projet de loi voilà trois ou quatre mois, l’investisseur a décidé de se retirer, à moins que la collectivité locale ne vote sur l’emplacement du stade et n’apporte 100 millions d’euros de fonds publics.
C’est parce que je ne veux pas de tels montages qu’aujourd’hui je suis favorable à l’article 13 ter tel qu’il a été rédigé par l’Assemblée nationale.