Intervention de Georges Othily

Réunion du 1er décembre 2006 à 22h00
Loi de finances pour 2007 — Recherche et enseignement supérieur

Photo de Georges OthilyGeorges Othily :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'examen des crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur » est l'occasion pour moi d'intervenir sur un sujet extrêmement important pour la région que je représente, c'est-à-dire la recherche en Guyane.

Bien qu'étant une région exceptionnelle dans ce domaine, la Guyane est sous-dotée en moyens. L'arrivée de nouveaux chercheurs, depuis l'implantation du CNRS en 2002, n'a malheureusement pas compensé le départ des chercheurs de dizaine d'établissements présents sur le sol guyanais.

On estime le nombre de chercheurs et d'enseignants-chercheurs résidents entre 100 et 120. On peut doubler ce chiffre en incluant le personnel technique et les ingénieurs associés.

Toutefois, si l'on compare avec la moyenne nationale -de l'ordre de 6, 2 pour 1 000 actifs -, force est de constater que la Guyane, comme les autres régions d'outre-mer, est très largement sous-dotée, puisqu'elle pourrait prétendre à un potentiel de 300 chercheurs ou équivalents.

Pourtant, la Guyane est un atout majeur pour la recherche. En tant que seule région européenne d'Amérique du Sud en zone équatoriale, elle représente un potentiel d'une richesse unique et inestimable, non seulement pour la France, mais aussi pour l'Union européenne tout entière.

Le monde amazonien est, en effet, très précieux en matière de biodiversité et de richesse ethnique et culturelle. Sur le plan bioécologique, la forêt guyanaise devient un lieu exceptionnel, un environnement scientifique porteur. Elle constitue indéniablement un atout pour le développement de la coopération régionale, particulièrement avec le Brésil, les pays du continent sud-américain, mais aussi avec l'Afrique et l'Asie, notamment en conduisant des études sur les maladies de certaines plantes au bénéfice de pays du Sud, dans une région où ces plantes ne sont pas cultivées.

En outre, de nombreux programmes, reconnus à l'échelon international, impliquant des chercheurs résidents et des laboratoires métropolitains, sont, en totalité ou en partie, réalisés sur le sol guyanais. De même, des thématiques de recherche aussi prometteuses que la biodiversité ont fédéré, depuis une dizaine d'années, un certain nombre d'organismes qui peuvent aujourd'hui s'enorgueillir de belles réussites au rayonnement international.

Malheureusement, il semblerait que nos sites soient peu attractifs pour les chercheurs. Il est vrai que les conditions de vie et de travail ne suffisent pas à compenser une mobilité lointaine : les locaux sont insuffisants, les moyens techniques limités et le coût de la vie est élevé.

Pour faire face à la crise de ce secteur, les responsables locaux des diverses structures de recherche ont décidé d'élaborer, comme vous le savez, monsieur le ministre, un projet de pôle de recherche et d'enseignement supérieur, complémentaire du pôle universitaire de Guyane. Ce pôle scientifique d'excellence permettra de développer le potentiel scientifique en Guyane, de lui offrir une dimension originale à l'échelle internationale et sera motivé par la volonté de faire avancer un thème de recherche commun, en rassemblant des chercheurs confirmés.

Il est essentiel que l'État soutienne ce projet en attribuant, notamment, des moyens spécifiques et des avantages budgétaires particuliers aux établissements qui participeront à ce développement.

J'en viens à la politique spatiale. Peut-on se réjouir de la dotation de 701, 6 millions d'euros prévue dans le budget national pour les activités spatiales ?

Dans cette période de crise financière, reconnaissons à l'État sa volonté manifeste de concourir à l'action du Centre national d'études spatiales, le CNES. En effet, comment ce centre arriverait-il à réaliser les actions retenues dans le contrat pluriannuel pour la période 2005-2010 signé avec l'État ?

Aussi, nous devons être attentifs au programme du CNES, segmenté en cinq thèmes qui sont l'accès à l'espace, avec la gamme des lanceurs Ariane, Soyouz, Vega qui assure la souveraineté de l'Europe dans ce domaine ; les applications grand public, qui concernent les télécommunications -télévision, haut débit -, la télémédecine, le positionnement ; le développement durable, qui conduit le CNES à être le vigile de notre planète à travers ses programmes liés à la gestion des ressources naturelles ou à l'étude des changements climatiques ; les sciences spatiales et la préparation de l'avenir, qui le font participer, aux côtés des organismes de recherche, à l'exploration de l'univers, à la physique fondamentale et à la recherche et technologie ; enfin, la sécurité et la défense. Ces cinq thèmes me paraissent suffisamment importants pour pouvoir permettre à la France, comme à l'Europe, de tenir son rang.

Là, il s'agit bien de donner à la France et au CNES les moyens nécessaires pour maîtriser l'espace, de bout en bout, et pour être le moteur dans la construction de l'Europe de l'espace.

Pour toutes ces raisons, monsieur le ministre, nous sommes favorables à l'adoption des crédits proposés par votre ministère.

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