Intervention de Éliane Assassi

Réunion du 6 octobre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Article 1er A

Photo de Éliane AssassiÉliane Assassi :

Il est vrai que beaucoup de choses ont été dites, mais il me semble important de revenir sur le concept de solidarité intergénérationnelle qui diffère des notions employées dans le texte de la commission.

Vous voudriez nous convaincre que c’est précisément pour permettre aux jeunes de bénéficier d’un droit à la retraite qu’il faut absolument mettre en œuvre votre réforme.

Votre discours, qui vient appuyer ceux du patronat, stigmatise les retraités comme étant de lourds fardeaux pour les générations à venir. La ficelle est tout de même un peu grosse, et les jeunes, on le voit de plus en plus, sont conscients de vos objectifs réels. Au fil des manifestations – ce fut particulièrement vrai pour celle du 2 octobre –, ils sont de plus en plus nombreux aux côtés des salariés de tous âges et des retraités. Ils n’entendent pas se laisser faire et considèrent à juste titre que tout recul du droit à la retraite constituera aussi un recul pour eux-mêmes, pour leur avenir.

Les jeunes revendiquent légitimement la possibilité de se projeter dans l’avenir jusqu’à cette période de la retraite dont ils ont bien conscience qu’elle est un moment incontournable de toute une vie de travail. Et ce n’est pas la capitalisation qui leur assurera une sécurité pour l’avenir.

Il est totalement faux d’affirmer que l’épargne individuelle permettra d’assumer des droits d’ici à trente ou quarante ans. Je ne vous ferai pas de grands discours sur ce qui se passe dans certains pays. Je pourrais évoquer les États-Unis où, vous le savez très bien, des dizaines de milliers de salariés ont vu leur épargne fondre complètement, avec les conséquences que l’on sait pour des milliers de familles. La crise financière a révélé la fragilité d’un système fondé sur la seule avidité des banquiers et actionnaires.

Avec votre réforme, je l’ai dit, les jeunes mesurent les risques qui pèsent sur leurs perspectives en matière de retraite. Ils refusent, et ils le disent très fort, d’être en quelque sorte les cobayes de la précarisation généralisée dont vous rêvez, dont le patronat rêve, avec la multiplication de contrats de tous ordres à durée déterminée, les bas salaires et, bien sûr, le chômage.

Vous nous dites qu’il est juste et nécessaire de faire travailler les seniors plus longtemps. Soyons sérieux, ce « travailler plus longtemps » ressemble comme un frère jumeau au « travailler plus pour gagner plus » du Président de la République. C’est une supercherie, et vous le savez bien !

Vous savez aussi que, pour beaucoup, la réalité avant soixante ans, c’est le chômage, que l’espérance de vie en bonne santé pour les ouvriers est de neuf années seulement après la retraite ; pourtant, si l’on se réfère à votre réforme, vous trouvez que c’est trop.

Vous nous dites que la France sera à la traîne par rapport au reste de l’Europe si elle ne réforme pas à la baisse sa protection sociale. D’une part, il faut regarder de plus près la situation exacte des autres pays par rapport à la nôtre. D’autre part, ce sont les salariés de toute l’Europe qui ne veulent plus payer pour les banques, qui refusent les régressions qu’on veut leur imposer, y compris en matière de protection sociale. Vous savez qu’ils étaient des milliers à exprimer cette exigence lors de la grande manifestation qui a eu lieu à Bruxelles le 29 septembre dernier, et dont on ne parle pas beaucoup.

Je voterai donc cet amendement qui a été présenté par mon groupe, parce qu’il précise justement quelques exigences concrètes pour un véritable système de retraite solidaire.

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