Intervention de Odette Terrade

Réunion du 11 mars 2009 à 21h45
Développement économique de l'outre-mer — Article 10

Photo de Odette TerradeOdette Terrade :

À vrai dire, l’article 10 porte sur une question qui n’est pas sans importance : on souhaite faire de nos départements d’outre-mer et de la collectivité de Saint-Pierre-et-Miquelon une sorte de « base arrière » de la délocalisation de certaines activités de production.

En effet, cet article promeut l’organisation d’un circuit de production pour le moins particulier : on nous propose de faciliter le transport de matières premières en provenance des pays de l’Union européenne vers les DOM et Saint-Pierre-et-Miquelon pour leur faire subir sur place une première transformation, voire une transformation plus complète, en vue de leur réexportation vers ces mêmes pays.

Le dispositif présenté soulève un certain nombre de questions.

Tout d’abord, nous pouvons nous interroger sur sa compatibilité avec les engagements du Grenelle de l’environnement, puisque cette aide au fret favorisera la mise en place d’un circuit de transport de marchandises et de biens particulièrement long. Même si cela peut conduire au développement de l’activité des plateformes portuaires et aéroportuaires de l’outre-mer français, je trouve néanmoins cette démarche quelque peu surprenante.

Par ailleurs, en organisant ce circuit commercial « privilégié », on crée les conditions pour que les entreprises des DOM deviennent des sous-traitants de certaines entreprises implantées en métropole, avec tout ce que cela implique.

Nous ne sommes pas convaincus que ce mode de développement soit nécessairement le plus pertinent pour l’outre-mer, d’autant qu’il est possible de favoriser dans nos DOM la mise en place de relations commerciales d’une autre nature : il est important de valoriser aussi la « matière grise » de l’outre-mer.

Pour notre part, comme nous l’indiquons au travers des amendements que présentera dans un instant Gélita Hoarau, nous estimons essentiel que les départements d’outre-mer puissent bénéficier d’une aide au fret pour des relations commerciales de voisinage, en vue d’une meilleure intégration à leur zone territoriale et d’une diversification plus importante des débouchés offerts à leurs activités économiques.

Par exemple, la Réunion a un rôle majeur à jouer dans les relations économiques au sein de la zone de l’océan Indien, s’étendant des pays de la côte est de l’Afrique à l’Union indienne, en passant par Maurice, Madagascar, les Seychelles, les Maldives et les pays de la péninsule arabique.

La Réunion, quoi qu’on en dise, dispose en effet de capacités particulières, d’une jeunesse dont le niveau de formation s’élève, de facultés de développement réelles qui peuvent l’amener à devenir un acteur essentiel des échanges commerciaux de l’ensemble de cette région.

La même observation vaut bien entendu pour les départements des Antilles et la Guyane, proches de nombreux pays dont les attentes sont importantes et auxquelles nos départements d’Amérique peuvent apporter des réponses adaptées.

Ainsi, la Guyane jouxte l’immense Brésil, pays au riche potentiel mais confronté à bien des problèmes auxquels les entreprises guyanaises sont peut-être en mesure de porter remède.

Il faut donc cesser de considérer nos DOM comme des régions en difficulté au regard des « standards » européens, pour les envisager, au contraire, comme des régions disposant d’atouts dont ne jouissent pas nécessairement leurs voisins immédiats.

En tout état de cause, c’est grâce à des dispositions comme celles que nous proposerons que l’on pourra ouvrir la voie à un développement économique autonome et endogène de l’outre-mer.

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