Nous touchons au noyau dur de cette réforme, et à son injustice la plus évidente.
Nous avons abordé le report de 60 à 62 ans de l’âge légal du départ à la retraite, qui concerne une masse de salariés. Quant au report de 65 à 67 ans de l’âge de la retraite à taux plein, il concerne les catégories les plus fragiles : celles qui ont connu des interruptions de carrière, et en particulier les femmes.
Je voudrais réitérer les questions qu’a posées M. Jean Desessard, parce que nous n’avons jusqu’à présent pas eu de réponses, du moins de réponses raisonnables.
Vous avez finalement reconnu qu’il y avait des injustices dans votre texte, nous donnant largement raison puisque nous n’avions cessé de le dire dans le débat. Injustice pour les mères de trois enfants, injustice pour les femmes qui ont élevé un enfant handicapé, vous nous expliquez, tout à fait arbitrairement, que l’injustice se limite à ces cas-là. Quelle est, en l’occurrence, la justification rationnelle qui explique que l’on doive s’en tenir là ?
Essayons d’imaginer des cas concrets. Une femme peut avoir élevé trois enfants sans rencontrer de difficultés énormes dans sa vie, parce qu’elle a eu la chance d’être soutenue par son entourage, d’avoir un mari qui pouvait compenser sa perte de revenus d’activité puis sa faible pension.
Imaginons en revanche une femme qui n’a eu qu’un seul enfant dont elle a, dans le cas d’une famille monoparentale, assumé seule la charge pendant une longue période. Cette interruption d’activité et la situation de séparation marquent un violent coup d’arrêt dans sa carrière, sans qu’elle puisse la rependre plus tard à un certain niveau. Cette situation-là, elle, ne sera pas prise en considération.
C’est donc en fonction du nombre d’enfants que l’on juge si une femme a mérité de la Nation. Il s’agit là d’une prise de position idéologique ! Oui, vous servez une certaine idéologie politique !