Intervention de Bernard Vera

Réunion du 8 octobre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Bernard VeraBernard Vera :

Cet article, essentiel aux yeux de l’Élysée, pose la question de l’allongement de la durée de la vie active ou professionnelle et, partant, du raccourcissement probable de la vie après le travail.

Je voudrais évoquer quelques-unes des conséquences de ce passage à 62 ans et à 67 ans, rendu logique à vos yeux par l’allongement de l’espérance de vie, ce qui est d’ailleurs une façon totalement fallacieuse de présenter les choses, comme nous aurons l’occasion de le redire dans le débat.

Le vrai problème, c’est que la retraite ne signifie pour les personnes qui y sont parvenues ni la fin de la vie sociale, ni l’interruption de toute activité. Beaucoup profitent de ce temps pour faire ce que leurs obligations professionnelles les contraignaient jusqu’ici à différer ; nombreux sont notamment les retraités qui jouent un rôle essentiel dans la vie de la Cité, dans le mouvement associatif, dans ce qui donne du sens à la société en général.

Repousser l’âge de départ à la retraite, mes chers collègues, c’est donc créer les conditions d’un autre recul : celui de la vie associative, celui de l’action des associations caritatives, d’aide aux personnes âgées ou de soutien scolaire, sans parler de l’animation des clubs sportifs ou des activités culturelles les plus diverses.

L’amélioration de l’état sanitaire de la population, l’allongement de la durée de vie en bonne santé, permise par l’existence de la sécurité sociale – et aussi de la retraite à 60 ans ! –, voilà ce qui a permis, dans les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix et encore aujourd’hui, l’essor de la vie associative, évitant à notre pays de traverser des moments plus difficiles encore, dans le contexte de la crise économique et sociale qui le frappe.

La solidarité entre les générations, c’est aussi une réalité concrète que vous allez mettre en péril. D’ailleurs, vous ne vous y trompez pas vous-même quand vous appelez les anciens enseignants partis en retraite depuis peu à revenir dans nos lycées et collèges pour y remplacer les suppléants que votre politique de liquidation d’emplois publics ne permet plus d’y trouver.

Pour toutes ces raisons, je ne peux évidemment que m’associer à mes collègues du groupe CRC-SPG pour demander la suppression de cet article 6 et, le cas échéant, pour voter contre.

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