À entendre le Gouvernement, l’alternative est simple pour nos concitoyens : travailler plus ou accepter une diminution du montant de leur pension de retraite.
La retraite à taux plein dès 60 ans n’est pourtant pas une utopie. Le maintien de cette possibilité suppose toutefois que l’on résiste au grand capital. Dans cette perspective, nous avons proposé d’instaurer une taxation des stock-options et des jetons de présence, par exemple, et de remettre en question les exonérations générales de cotisations sociales patronales, les parachutes dorés, les niches fiscales : tous ces avantages représentent plus de 170 milliards d’euros au total. À notre sens, ce ne sont donc pas les possibilités de financement qui manquent pour la protection sociale, mais le rabotage des niches fiscales annoncé ne rapportera que 10 milliards d'euros. Il faut donc aller plus loin.
Avant de travailler plus longtemps, il faudrait déjà pouvoir travailler tous. Chacun doit pouvoir vivre pleinement sa vie, selon ses choix, au travail et à la retraite. La proposition gouvernementale de reculer l’âge légal de départ à la retraite repose sur l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance, mais ce n’est pas l’indicateur le plus pertinent : l’élément primordial, en matière de retraite, c’est l’espérance de vie en bonne santé. Or celle-ci est de 64 ans pour les ouvriers. Autrement dit, la réforme aurait pour effet direct d’amputer de moitié la durée de retraite en bonne santé des salariés. En outre, la majeure partie de l’effort pour assurer l’équilibre des régimes serait à la charge de ceux-ci, à hauteur de 85 %, contre 15 % pour les entreprises. Le recul de l’âge légal de départ à la retraite aurait, en particulier, des conséquences désastreuses pour les femmes, qui, plus que les hommes, peinent à accomplir des carrières complètes. Les salariés effectuant un travail pénible ne seraient pas mieux lotis.
En demandant au Gouvernement de remettre aux deux assemblées un rapport évaluant les avantages, pour les assurés sociaux, d’une mesure permettant de garantir aux salariés le droit à la retraite à taux plein dès 60 ans, nous souhaitons l’obliger à ouvrir les yeux !