Par cet amendement, nous proposons d’exclure du champ de la mesure de relèvement de l’âge légal de départ à la retraite les salariés des industries de la fabrication de la chaux.
Ce secteur de notre industrie compte parmi les plus dangereux. En effet, les conséquences sur la santé d’une exposition répétée à la chaux sont nombreuses, et bien souvent désastreuses : irritation des paupières, des globes oculaires et des voies respiratoires ; inflammations diverses, dessèchement, voire érosion de la peau et des muqueuses ; lésions oculaires graves en cas de projections ; brûlure de la bouche, de l’œsophage et de l’estomac en cas d’ingestion. Et je n’ai cité que les principaux dangers que représente la chaux pour l’homme, car il y en a d’autres !
Les ouvriers sont ainsi contraints de se soumettre à de lourdes mesures de protection afin d’assurer leur sécurité : douches répétées, utilisation de crèmes « barrières », port d’un masque anti-poussières, de gants imperméables doublés intérieurement de coton, de lunettes de protection étanches en cas de risques d’envolée de poussières ou de projection de poudre ou de pâte dans les yeux, d’une combinaison, de genouillères imperméables pour les travaux effectués à genoux, de bottes…
À ces contraintes s’ajoutent celles qui sont liées à la manipulation. Imaginez les conséquences sur l’environnement d’une élimination inadaptée du produit ou de son déversement accidentel dans les eaux résiduaires ! Les salariés n’ont donc pas le droit à la moindre erreur et doivent faire preuve d’une attention constante.
La pénibilité des métiers de l’industrie de la chaux ne s’arrête pas là. De l’extraction de la pierre à chaux à la fabrication de la chaux hydraulique ou grasse, elle n’épargne personne : ni les ouvriers en carrière, bien souvent obligés de porter de lourdes charges en extérieur, été comme hiver, avant procéder au concassage, ni les ouvriers en usine, fréquemment appelés à effectuer des heures supplémentaires ou de nuit, à travailler dimanches et jours fériés pour assurer un rendement acceptable, la fabrication d’une faible quantité de produit nécessitant un travail très important. Tous exercent leur métier dans des conditions exceptionnellement salissantes et dures, tant les postes dont il est question cumulent les inconvénients du travail à la chaîne – répétition des gestes, pression du chronomètre, abrutissement – et les désagréments spécifiques du travail de la chaux.
Par exemple, un chaulier travaille à proximité d’un four à chaux dont la température varie de 800 à 1000 degrés Celsius. On conçoit aisément la dureté de sa tâche…