Par cet amendement, nous demandons l’exclusion du champ d’application de l’article 6 de l’ensemble des assurés sociaux dont l’activité professionnelle relève de la convention collective nationale des industries de la maroquinerie, articles de voyage, chasse-sellerie, gainerie, bracelets en cuir.
Les salariés exerçant leur métier dans ce secteur d’activité connaissent, en effet, des conditions de travail particulièrement pénibles, qui ont pour conséquence directe une altération de leur condition physique.
La maroquinerie est un secteur d’activité où, comme dans beaucoup d’autres, l’on impose des cadences de travail effrénées aux salariés. De surcroît, les salariés de ce secteur, qui sont bien souvent des femmes, alternent sans cesse les positions debout et assise, selon l’activité et la machine utilisée. Ils doivent aussi subir quotidiennement le bruit des machines, tout au long de la journée.
Je souhaite attirer l’attention de mes collègues sur d’autres aspects particulièrement pénibles des métiers de la maroquinerie.
L’utilisation de colles, de teintures, de solvants, ainsi que le fractionnement et le réétiquetage de ces produits, peuvent se révéler extrêmement dangereux pour la santé. Ainsi, dans mon département, j’ai vu des ouvrières dont les doigts étaient complètement déformés à force de découper le cuir aux ciseaux. Leur patron n’a découvert l’existence de la découpe au laser que lorsqu’il a décidé de délocaliser l’activité…
Que comptez-vous faire, monsieur le ministre, pour ces salariés contraints de répéter sans cesse les mêmes gestes dans le bruit, à une allure folle, usant le corps et l’esprit ? Je dis bien l’esprit, car la répétition des gestes à l’imitation d’une machine constitue tout simplement une aliénation au travail !
Le relèvement de l’âge ouvrant droit à la retraite est une véritable catastrophe pour les salariés qui connaissent ces conditions de travail difficiles. Il est à craindre que nombre d’entre eux ne cessent de travailler avant l’âge légal de départ à la retraite, au détriment du montant de leur pension, et donc de la dignité de leurs conditions de vie. Les femmes, qui représentent une large majorité des salariés du secteur de la maroquinerie, seront les premières victimes de cette réforme. Il est illusoire de croire que ces salariés pourront travailler 41, 1 ans ou jusqu’à l’âge de 67 ans pour obtenir une pension sans décote. Croire cela, c’est nier la réalité des conditions de vie de ces salariés. Persister à défendre une réforme aussi injuste, monsieur le ministre, revient à mépriser le travail pénible qu’ils effectuent.
Les conditions de travail dans ce secteur d’activité étant particulièrement éprouvantes, nous souhaitons que les assurés qui relèvent de la convention collective que j’évoquais puissent continuer à bénéficier du régime de retraite actuel.