Intervention de Bernard Vera

Réunion du 8 octobre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Bernard VeraBernard Vera :

Parce que le Gouvernement nie totalement la réalité des chaînes de fabrication et les conditions de travail éprouvantes de nombre de nos concitoyens, cet amendement vise à exclure les salariés qui travaillent dans le secteur des industries de produits alimentaires élaborés du champ d’application de sa réforme.

Les salariés qui travaillent dans ce secteur d’activité subissent, comme ceux de nombreux autres secteurs industriels, des conditions et des charges de travail particulièrement pénibles. Je pense notamment à ces ouvriers travaillant sur les chaînes de fabrication qui doivent effectuer manuellement une ou plusieurs tâches dans un bruit assourdissant, au milieu d’odeurs fortes qui provoquent des maux de tête récurrents.

À la lecture des critères requis dans les petites annonces pour exercer un tel emploi, il est facile de deviner dans quelles conditions difficiles travaillent ces salariés Il leur faut répéter des gestes minutieux, réguliers et identiques, être vigilants et toujours en alerte, et ce dans des conditions de stress permanent. Une forte résistance physique est exigée, en raison des effets sur le corps du travail à la chaîne, en particulier les troubles musculo-squelettiques.

Et que dire des horaires ! Pendant les journées de travail, organisées en 2 x 8 ou en 3 x 8, les équipes se relayent sans cesse pour que les machines ne s’arrêtent jamais. Aussi les horaires sont-ils très souvent décalés : de 5 heures à 13 heures, de 13 heures à 21 heures ou de 21 heures à 5 heures.

Les conséquences de ces horaires décalés, sur la santé physique et mentale, mais aussi sur la vie privée et familiale, sont absolument désastreuses, surtout lorsque le temps de travail quotidien dépasse régulièrement huit heures.

De telles conditions de travail usent les salariés. Alors qu’un cadre bénéficie d’une espérance de vie moyenne proche de 80 ans, celle des ouvriers n’atteint que 73 ans. Pire : plus d’un quart des ouvriers décèdent entre 35 et 65 ans. Sept ans de différence d’espérance de vie entre les ouvriers et les cadres, c’est là une véritable inégalité devant la mort.

Or la présente réforme accroît encore cette injustice, alors que notre système devrait être profondément revu pour instaurer la justice en matière de retraite. Ils sont nombreux, ces ouvriers qui ne connaîtront jamais une vie sans travail. La solidarité, à laquelle ils auront contribué pendant toute leur vie en effectuant des travaux difficiles, ne leur permettra même pas d’accéder à leur droit à la retraite.

Cet amendement vise légitimement à exclure de cette réforme profondément injuste tous ces salariés cassés, usés, fatigués et malades avant l’heure, afin de leur garantir un droit à la retraite à 60 ans.

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