Intervention de Isabelle Pasquet

Réunion du 8 octobre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Isabelle PasquetIsabelle Pasquet :

Le journalisme est un métier de passion, et les exemples ne manquent pas de journalistes, souvent éditorialistes, qui continuent à exercer bien au-delà de l’âge légal de la retraite. Cependant, il s’agit de l’arbre qui cache la forêt.

En effet, les journalistes rémunérés à la pige sont de plus en plus nombreux. Selon les statistiques de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, en 2009, les pigistes représentaient près de la moitié des demandeurs de carte.

Cette évolution touche en priorité les jeunes qui entrent dans le métier. Souvent payés au feuillet publié à leurs débuts, ils multiplient les CDD, parfois à outrance, et attendent de plus en plus longtemps avant de trouver un emploi stable et durable.

Quant aux plus âgés, exclus dès 55 ans des rédactions, il ne leur reste souvent que des « petits boulots » pour tenir jusqu’à la retraite, ce qui grève d’autant leurs cotisations et, par voie de conséquence, leurs futures pensions.

Cette précarisation affecte aussi les rémunérations, puisque certaines grilles comportent encore des salaires d’embauche inférieurs au SMIC, notamment dans la presse locale.

Ce métier qui fait rêver, que les jeunes acceptent parfois d’exercer dans des conditions qui flirtent avec l’illégalité, s’est profondément transformé. L’arrivée d’internet a bouleversé les méthodes de travail et les rédactions exigent maintenant de leurs journalistes qu’ils sachent tout faire en même temps : écrire, prendre du son, photographier, filmer, monter un sujet, mettre en page un article ou retraiter un papier pour le web ou le téléphone mobile : ces tâches étaient auparavant réparties entre deux ou trois personnes différentes.

Cette pénibilité accrue engendre du stress ; les conditions de travail se dégradent.

Même s’il est vrai que la question de la retraite des salariés de ce secteur, comme celle du statut et des droits afférents à la profession, est souvent négligée par les journalistes eux-mêmes, elle se pose pourtant avec acuité. En effet, l’allongement de la durée de cotisation privera la grande majorité de ces professionnels d’une retraite décente.

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