Intervention de Odette Terrade

Réunion du 8 octobre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Odette TerradeOdette Terrade :

Par cet amendement, nous entendons prévoir que les dispositions de l’article 6 du présent projet de loi ne s’appliquent pas aux assurés relevant de la convention collective des ouvriers du bâtiment de la région parisienne du 28 juin 1993.

Chacun le sait, travailler dans le bâtiment est, depuis toujours, pénible, même si vous nous avez expliqué, monsieur le ministre, que le maçon d’aujourd’hui n’est pas celui de 1981. Est-il un travail plus usant physiquement que celui qui s’effectue dehors, par tous les temps, pour construire ou réparer des bâtiments ?

Ce métier est particulièrement traumatisant pour le corps. Les travailleurs et travailleuses qui l’exercent en gardent les traces et stigmates. Is sont marqués dans leur chair et sont fréquemment victimes de blessures ou d’accidents.

Pour ces salariés qui travaillent avec leur corps, chaque année de travail pèse particulièrement lourd. Avec le temps, il leur devient de plus en plus difficile de se lever et d’enfiler leur bleu de travail.

À ces conditions de travail excessivement pénibles s’ajoute une forte précarité. Les CDI, de plus en plus rares, sont remplacés le plus souvent par des contrats de chantier. Et encore est-il bien beau que le travail s’accompagne d’un contrat dans ce milieu, en particulier pour les travailleurs sans papiers, dont sont friandes les grandes entreprises françaises, que le prochain projet de loi sur l’immigration s’apprête à exonérer de toute responsabilité en cas de travail illégal…

Un travail pénible, une grande précarité et des salaires souvent très bas : tous les ingrédients pour une petite retraite prise à l’âge de suppression de la décote sont réunis. Par conséquent, pour ces travailleurs, voir ainsi repoussé de deux années l’âge auquel ils pourront obtenir une retraite à taux plein représente une évolution d’une violence inouïe. Comment osez-vous leur dire qu’ils doivent faire un petit effort de solidarité et, comme tout le monde, travailler deux années de plus, alors que, à 45 ans, leur corps est déjà fatigué, voire usé ?

Monsieur le ministre, nous sommes définitivement contre l’extension aux ouvriers du bâtiment de ce relèvement de l’âge de la retraite à taux plein à 67 ans. Une telle décision n’est tout simplement pas acceptable, car cela signifiera souvent, pour eux, pas de retraite du tout : la faucheuse sera passée avant l’échéance… Monsieur le ministre, ce sont de bien sombres économies que vous feriez là.

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