Si les emplois dans la restauration rapide sont bien souvent pourvus par des étudiants, voire des lycéens, bref, par des jeunes, c’est bien parce qu’ils nécessitent une résistance physique et morale que seul le jeune âge peut conférer.
L’employé d’une chaîne de restauration rapide doit non seulement être d’une polyvalence remarquable, mais il doit aussi supporter l’exigence d’un rendement élevé, être suffisamment endurant pour satisfaire les nombreux clients présents aux heures de pointe. Souvent venus pour la rapidité du service, nombre d’entre eux sont pressants, pour ne pas dire méprisants.
Les horaires sont largement variables. Comme les équipes connaissent un turn over relativement important, les employés sont parfois avisés des changements d’horaires la veille au soir, ce qui n’est pas sans conséquence sur leur rythme physiologique et sur leur capacité à se reposer, alors même qu’ils occupent des emplois physiquement très éprouvants. Ce manque de prévisibilité rend par ailleurs leur vie de famille bien compliquée.
En outre, il faut bien savoir que ces salariés restent debout pendant des périodes prolongées et doivent souvent adopter des positions de travail inconfortables. Ils ont également à porter des charges parfois lourdes, des piles de plateaux par exemple. Ils utilisent leur force physique pour remplir des tâches souvent répétitives qui peuvent donner lieu à des blessures, voire à des troubles musculo-squelettiques. La pression est constante sur les genoux, les hanches, les bras, la nuque et le dos, qui est le plus fragile. Je rappelle qu’environ 20 % des employés du secteur hôtellerie, restauration et cafés souffrent de douleurs musculaires à la nuque et un tiers d’entre eux de maux de dos. Ces proportions sont comparables à celles que l’on rencontre dans l’industrie et les mines, selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail.
Enfin, doit-on rappeler que l’atmosphère de travail dans la restauration rapide se caractérise par l’odeur de friture, la chaleur, les nuisances sonores qui, nous le savons, participent de la réduction insidieuse de la capacité auditive. Les sols sont souvent glissants, entraînant chutes et blessures.
Si les jeunes sont surreprésentés dans la restauration rapide, ceux qui sont un peu moins jeunes travaillent dans les mêmes conditions et avec les mêmes risques, parce qu’ils n’ont pas le choix, qu’ils ne trouvent pas d’emploi ailleurs ! Il serait insupportable de leur imposer de devoir continuer à travailler deux années supplémentaires avant de voir s’ouvrir leurs droits à la retraite.
Personne ne peut rester insensible aux dangers et à la pénibilité de ces emplois. Je vous invite donc à adopter cet amendement afin que les assurés dont l’activité relevant de la convention collective de la restauration rapide du 18 mars 1988 ne soient pas concernés par l’application de l’article 6.