En combinant recul de l’âge légal et hausse de la durée de cotisations, le Gouvernement applique la double peine aux salariés : travailler plus pour gagner moins !
La poursuite du relèvement de la durée de cotisations de 40, 5 annuités jusqu’à 41, 5 annuités en 2020 fera encore baisser le niveau moyen des pensions, alors que celles-ci ont déjà diminué de 15 % et 20 % depuis les réformes de « Balladur- Fillon ».
Le Gouvernement s’assied donc allégrement sur son engagement de « ne pas baisser les pensions » pourtant formulé dans son document d’orientation du 14 mai. Ce relèvement de la durée de cotisations va amplifier l’application de la décote sur les pensions instaurée par la loi Fillon. Même dans l’hypothèse où ils travailleraient jusqu’à 65 ou 66 ans, les salariés ayant des durées insuffisantes de cotisations, comme les femmes aux carrières fractionnées, verront malgré tout leur pension baisser. En effet, le Gouvernement a décidé de relever de 65 à 67 ans l’âge à partir duquel la décote cessera de s’appliquer aux salariés n’ayant pas atteint une durée suffisante de cotisations.
Pour justifier la fin de la retraite à 60 ans et de celle sans décote à 65 ans, le Gouvernement prétend que l’on devrait travailler plus longtemps parce que l’on vit plus vieux. Pourtant, l’espérance de vie en bonne santé n’est que de 63 ans en France, et même de 59 ans pour les ouvriers !
Depuis un siècle, c’est pourtant le chemin exactement inverse que les conquêtes sociales avaient permis d’accomplir : à mesure que l’espérance de vie s’accroissait, l’âge de la retraite s’abaissait. Cela a été possible grâce à l’augmentation de la richesse produite par les travailleurs. Deux actifs de 2010 produisent autant de richesse que trois actifs de 1982, date à laquelle la gauche a instauré la retraite à 60 ans.
Dire, comme le Gouvernement, que le nombre d’actifs par retraité diminue ne suffit donc pas à expliquer le problème de financement des retraites. C’est la manière de partager les richesses produites qui est en cause. Depuis 1982, la part du travail dans la richesse nationale a reculé de 8 points, soit l’équivalent de 170 milliards d’euros actuels, qui sont passés des poches du travail à celles du capital. Autant de ressources qui manquent pour financer les retraites.
Cet amendement tend à conserver le dispositif législatif actuellement en vigueur, en précisant que 65 ans reste l’âge permettant de bénéficier d’une retraite à taux plein.