Intervention de Jean-François Voguet

Réunion du 8 octobre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Jean-François VoguetJean-François Voguet :

Le lien mécanique entre le glissement de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et celui de la retraite à taux plein de 65 à 67 ans ne repose sur aucun fondement tangible. Il se fonde sur une habileté de communication selon laquelle l’un entraînerait l’autre.

La création de ce décalage de cinq ans a été mise en place en même temps que l’abaissement de l’âge légal de la retraite à 60 ans pour créer, en 1981, un progrès social sans précédent dans notre pays. Et voilà que vous avez fait de ce décalage un mécanisme systématique pour opérer un recul social qui vise à créer le régime de retraites le plus dur d’Europe !

Si, pour notre part, nous estimons qu’aucun recul, ni de l’âge légal de la retraite ni de la retraite à taux plein, ne doit être opéré, l’absurdité de la liaison mécanique entre les deux bornes peut potentiellement créer un départ à la retraite sans décote à 70 ou 72 ans.

Ce lien mécanique est d’ailleurs d’autant plus absurde que les années comprises entre 65 et 67 ans ne pèsent médicalement pas du même poids que celles qui se situent entre 60 et 62 ans. C’est d’autant plus vrai pour les couches sociales des populations les plus modestes, puisque, en moyenne, l’espérance de vie en bonne santé d’un ouvrier est de 59 ans contre 69 ans pour un cadre.

De plus, après 65 ans, de nombreuses personnes s’impliquent et se consacrent, de manière soutenue, à des activités associatives indispensables à la vie de notre société. Il faut prendre en compte le fait que le report de l’âge de la retraite portera un coup à cette formidable source de vitalité pour notre cohésion sociale.

Par ailleurs, compte tenu du faible niveau d’emploi des jeunes et des séniors en France, le nombre des Français pouvant espérer justifier d’une carrière complète avant l’âge de liquidation d’une retraite à taux plein est de plus en plus faible.

Ceux qui attendent l’âge de la retraite à taux plein sont, pour la plupart, ceux qui ont connu des parcours professionnels tumultueux et marqués par la précarité. Avec le report de l’âge de la retraite à taux plein de 65 à 67 ans, c’est encore une fois ceux qui ont subi la crise économique de plein fouet que vous allez pénaliser.

C’est la raison pour laquelle nous vous demandons, avec cet amendement, de ne pas augmenter l’âge de la retraite à taux plein, dont le report ne saurait être le corolaire de celui de l’âge légal de départ à la retraite.

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