Intervention de Jean-Claude Danglot

Réunion du 8 octobre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Jean-Claude DanglotJean-Claude Danglot :

Cet amendement vise à atténuer le caractère profondément inégalitaire de ce projet de loi, et en particulier de cet article, qui s’attaque à celles et ceux qui ont subi des carrières discontinues ou précaires.

Après le scandaleux article 5 repoussant l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, nous passons, avec cet article 6, au deuxième étage de la fusée antisociale fabriquée dans les officines du MEDEF, et dont le Gouvernement réclame la mise en orbite, contre l’avis majoritaire des Français, mais aussi contre toute logique économique et sociale, contre toute équité.

Avec cet article, c’est l’âge de la retraite à taux plein que l’on nous demande de repousser de 65 à 67 ans, avec toujours les mêmes raisonnements, les mêmes arguties : démographie défavorable, déficits structurels, durée de vie toujours plus longue, autant de facteurs qui fabriqueraient la dette pesant comme une épée de Damoclès sur les générations futures…

Mais rien sur les formidables captations de richesses opérées par les actionnaires au détriment des salariés ; rien sur les détournements d’argent public que constituent les exonérations de charges des entreprises ; pas un mot au sujet de la razzia sur le cash de ces mêmes entreprises quand un prédateur monte un LBO, de l’anglais Leverage buy out, pour en prendre le contrôle ; silence sur les responsabilités propres de l’État employeur dans les déficits de la sécurité sociale, toutes branches confondues, et donc aussi dans celle des retraites… Les caisses sont vides, mais certaines poches sont pleines !

Nous refuserons donc tout débat sur le report de l’âge de la retraite à taux plein tant que le Gouvernement s’obstinera à enfermer ce débat dans un corset d’un autre âge, avec comme objectif inavoué la disparition des pensions par répartition au profit de la capitalisation, réclamée à cor et à cri par M. Denis Kessler et ses pairs, quitte à maintenir à la marge, pour les plus démunis, une pension peau de chagrin et de misère.

Lorsque l’on parle de la progression constante de l’espérance de vie, on oublie de dire que la dernière mesure de l’espérance de vie en bonne santé, effectuée en 2007, n’est que de 63 ans pour la moyenne des Français, et qu’elle est encore plus basse pour les ouvriers, ceux-là mêmes qui font les travaux les plus pénibles, et qui ont les plus faibles retraites.

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