Intervention de Odette Terrade

Réunion du 8 octobre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Odette TerradeOdette Terrade :

Cet amendement prévoit une dérogation à l’article 6 au profit des aidants familiaux, qui ne doivent pas subir le report à 67 ans de l’âge permettant de bénéficier d’une retraite sans décote. Dans la mesure où notre groupe est clairement opposé à toute disposition tendant à allonger la durée de cotisation ou à repousser les bornes d’âge, cet amendement constitue donc un amendement de repli.

Cependant, la question des aidants familiaux est primordiale à nos yeux. En effet, selon une étude réalisée par la fondation Novartis, l’année dernière, ces non-professionnels – le plus souvent des membres de la famille –, présents de manière régulière auprès des personnes malades, handicapées ou dépendantes, sont au nombre de 3, 5 millions. Soutien moral, surveillance, aide pour les activités domestiques ou encore soutien pour la gestion financière et administrative sont les quatre principaux rôles qu’occupent ces personnes auprès de leurs proches.

Dès lors, la continuation d’une carrière professionnelle entre souvent en contradiction avec la possibilité d’aider l’un de ses proches. Quand ils sont actifs, les deux tiers aimeraient bénéficier d’aménagement de leurs horaires de travail pour s’occuper de leurs proches. Les pistes qu’ils avancent sont les suivantes : un temps partiel mieux rémunéré, des aménagements d’horaires, un congé temporaire, une retraite anticipée ou encore des possibilités de télétravail. Près d’un sur deux y a déjà eu recours, les formes les plus fréquentes étant une retraite anticipée, un télétravail ou un congé temporaire.

Dans ces conditions, suivre une carrière complète devient impossible. Vous nous répondrez que, le plus souvent, cette aide est un choix ; elle est parfois motivée par la peur de confier son proche à un tiers. Cependant, 41 % des personnes interrogées disent qu’elles préféreraient confier cette tâche à un professionnel. Mais, entre le coût des gardes à domicile ou d’une maison de retraite et le souhait de la personne âgée ou malade de ne pas être entre les mains d’un « inconnu », la tâche incombe souvent aux proches. Au total, un quart des aidants affirme ne disposer d’aucune solution de recours, la pénurie de structures de jour, qui leur permettraient de « souffler », restant en effet importante.

Dès lors, il serait injuste de pénaliser ces personnes dont le sens de la solidarité n’est pas à prouver, mais qui sont contraintes de suspendre leur carrière professionnelle du fait d’une carence de la société. Cela serait d’autant plus injuste que les aidants familiaux sont, pour plus de 60 % d’entre eux, des femmes, même si l’on observe une certaine une masculinisation de l’activité.

C’est pourquoi, mes chers collègues, nous vous invitons à adopter cet amendement. Il serait juste et légitime de permettre aux aidants familiaux de déroger à l’une des mesures de ce projet de loi, à savoir le report à 67 ans de l’âge permettant de bénéficier d’une retraite sans décote.

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