Intervention de Yves Daudigny

Réunion du 8 octobre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Article 6 suite, amendements 1182 1 1951 31 1955 65

Photo de Yves DaudignyYves Daudigny :

Ce sous-amendement a pour objectif d’essayer de réduire les effets néfastes de l’ensemble de ce projet de loi.

L’amendement n° 1182 vise à limiter le dispositif proposé aux seules femmes nées entre le 1er juillet 1951 et le 31 décembre 1955, alors qu’aujourd’hui elles peuvent toutes partir à 65 ans sans décote. Il s’agit donc non pas d’une avancée, mais d’un moindre recul.

Vous justifiez cette disposition par le fait que les femmes nées après 1955 ont vu leur situation sociale et professionnelle s’améliorer.

Si, comme l’indique le COR, l’écart des trimestres validés entre les hommes et les femmes tend à se réduire, cela ne signifie pas pour autant que les femmes ont maintenant des carrières d’une durée équivalente à celle des hommes – comme vous le proclamez un peu trop vite – ni qu’elles bénéficient de retraites plus importantes. Les femmes ne travaillent pas autant que les hommes, et ce n’est pas une idée reçue, monsieur le ministre.

En fait, la réduction de l’écart de trimestres cotisés est surtout due à deux facteurs : la montée en charge des avantages familiaux, mais aussi et surtout, la dégradation du marché du travail. Ce rapprochement s’explique moins par une progression du nombre de trimestres validés par les femmes que par d’une diminution du nombre de trimestres validés par les hommes.

Les retraites de droit propre des femmes représentent la moitié de celles des hommes, soit 52 %. Et cela va durer ! Le COR a calculé qu’un homme né en 1980, s’il travaille jusqu’à 70 ans, cotisera en moyenne dix-sept trimestres de plus qu’une femme du même âge. Il est faux de laisser croire que la durée de cotisation des femmes est en train de rattraper celle des hommes.

Ne pas ouvrir à des millions de femmes la possibilité de partir à 65 ans est une véritable injustice. C’est un mépris à l’égard de toutes les femmes qui ont connu des galères, des parcours de vie hachée, des traumatismes et, pour des raisons multiples, la précarité, un mépris aussi à l’égard des familles monoparentales.

En quelques jours, l’Élysée semble avoir trouvé des financements pour faire illusion, pour faire semblant de faire et d’écouter, pour se draper d’une nouvelle vertu : la « compatissance ». On n’a jamais autant parlé des femmes et des mères de famille que maintenant !

Des milliers de femmes vivent mal la situation actuelle, acceptent mal d’être soudain l’enjeu d’arrangements politiciens et de transactions entre des groupes politiques.

Monsieur le ministre, votre amendement n’aboutit pas à redonner un semblant d’humanité à un texte qui est – nous l’avons déjà dit et répété – de nature comptable et à destination des marchés et des agences de notation.

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