Intervention de Brigitte Gonthier-Maurin

Réunion du 8 octobre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Article 6 suite

Photo de Brigitte Gonthier-MaurinBrigitte Gonthier-Maurin :

En retenant le principe du maintien à 65 ans de l’âge d’annulation de la décote pour les parents de trois enfants, vous verrouillez le dispositif pour le rendre suffisamment esthétique pour apparaître comme une amélioration, mais, surtout, suffisamment restrictif pour en limiter le coût.

L’expression à laquelle vous recourez est d’ailleurs quelque peu contestable dans la mesure où il s’agit non pas d’une dépense pour l’État, mais d’une moindre économie. Cela confirme ce que nous n’avons de cesse de dire et de répéter : cette réforme se fait d’abord et avant tout sur le dos des salariés !

L’amendement du Gouvernement n’est donc qu’une demi-avancée. N’oublions pas que les inégalités salariales, qui sont d’autant plus importantes que les femmes ont davantage d’enfants, apparaissent et s’accroissent dès le premier enfant.

D’ailleurs, l’association Osez le féminisme a illustré ce que je viens de dire sur son site internet en diffusant ce témoignage : « Premier jour dans mon nouveau boulot, ma collègue m’accueille par cette remarque : vous avez de la chance d’être là, au début, ils ne voulaient pas de femmes parce que ça tombe enceinte. Mais finalement ils ont changé d’avis : les hommes ça coûte trop cher. » Au moins, les choses sont dites !

Nous savons également que, dans bon nombre d’entreprises, les managers ou la direction des ressources humaines considèrent qu’une femme qui veut ne serait-ce qu’un enfant fait preuve d’un manque cruel d’ambition ! D’ailleurs, les femmes en activité professionnelle qui décident d’avoir un enfant subissent, aujourd’hui encore, le gel de l’évolution de leur carrière, ce qui n’est pas acceptable.

C’est pourquoi il nous semble important de permettre aux parents d’un enfant de conserver la possibilité de jouir d’une retraite sans décote à 65 ans, et ce d’autant que l’amendement du Gouvernement, dans sa rédaction actuelle, ne concerne que les assurés nés entre 1951 et 1955, soit, selon lui, ceux qui accumulent le plus de trimestres manquants.

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