Monsieur le président, c’est le dernier amendement que je présenterai et je vais me faire l’interprète de Mme Gélita Hoarau.
Cet amendement a pour objet de créer une commission permanente qui, après promulgation de la loi, serait chargée d’étudier les conséquences de cette réforme sur les populations des départements et territoires d’outre-mer. Elle serait composée de représentants des organisations syndicales et patronales, ainsi que d’élus nationaux et locaux des territoires concernés. En effet, il est indispensable d’accorder aux départements et territoires d’outre-mer une considération particulière, du fait même de la singularité de leur situation.
Personne n’ignore ici que nos départements et territoires d’outre-mer sont soumis à un certain nombre de spécificités, lesquelles, malheureusement, sont loin d’être toujours avantageuses.
Ainsi, à la Réunion, le taux de chômage a fortement augmenté depuis 1974, pour atteindre 27, 2 % en 2009. Avec plus d’un jeune sur deux au chômage et 52 % de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté, ce territoire est particulièrement sensible. À cela s’ajoutent encore la baisse du pouvoir d’achat et la fermeture constante d’entreprises due à la crise financière.
Si le contexte économique et social y est différent de la métropole, les mesures contenues dans ce projet de loi ne le seront pas et frapperont indistinctement tous les territoires, quelles que soient leurs difficultés propres ou leurs spécificités.
En effet, si les conséquences de l’allongement de la durée de cotisation allié au recul de l’âge légal de départ à la retraite et de celui de la retraite sans décote ne manqueront pas de frapper durement les salariés et les retraités métropolitains, on n’ose imaginer les dégâts qu’elles provoqueront sur des territoires particulièrement fragiles et précaires !
Cela est d’autant plus injuste que les arguments utilitaristes du Gouvernement concernant l’évolution démographique ne sont pas applicables aux départements et territoires d’outre-mer.
Loin d’être touchée par le vieillissement de la population, la Réunion est, au contraire, caractérisée par une population jeune, avec une forte croissance démographique, mais elle vieillit. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, INSEE, si les personnes âgées de plus de soixante ans représentent actuellement de 11, 5 % de la population, ce taux passerait à 22 % en 2030.
Cette réforme est conçue pour satisfaire les exigences européennes de diminution des déficits, afin de se conformer aux souhaits des agences de notation et des marchés financiers. Elle sacrifie ainsi sans scrupule les populations, touchant davantage que les autres les plus précaires et les plus fragiles.
La Réunion sera donc, comme les autres territoires et départements d’outre-mer, plus touchée, ce qui augmentera la paupérisation d’un territoire qui est déjà en grande difficulté.