Intervention de Brice Hortefeux

Réunion du 18 mai 2006 à 15h00
Prévention des violences lors des manifestations sportives — Adoption d'une proposition de loi

Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités territoriales :

Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, dans notre société qui, trop souvent, doute d'elle-même, le sport reste, à l'évidence, une valeur exemplaire. Il constitue l'expression à la fois d'un effort et d'une volonté de gagner en surmontant des épreuves et un lieu d'apprentissage de règles collectives et de respect des autres, sans oublier, naturellement, la grande fête conviviale et familiale qu'il représente.

Comme des millions de nos compatriotes - dont nombre de parlementaires, en particulier ceux qui sont présents aujourd'hui -, j'aime le sport, celui des amateurs comme celui des athlètes professionnels, et j'apprécie grandement les moments de partage qu'il nous offre.

Dès lors, je ne saurais accepter que quelques centaines de hooligans, qui n'ont de supporters que le nom, viennent gâcher la fête. Nous ne pouvons, en effet, tolérer qu'une poignée d'individus violents se permettent de perturber les matchs, d'insulter les joueurs, de casser les installations collectives, et ce au mépris du sport, des sportifs et des spectateurs.

C'est la raison pour laquelle, au nom du ministre d'État, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire, je me réjouis de la proposition de loi qu'est appelé à examiner le Sénat. Je tiens, en outre, à remercier l'Assemblée nationale d'avoir voté, à l'unanimité, ce texte présenté sur l'initiative du groupe UMP.

Je veux saluer tout particulièrement le remarquable travail effectué par les rapporteurs des deux assemblées, le député Claude Goasguen et le sénateur Philippe Goujon ; il est vrai qu'ils ont tous deux beaucoup d'affinités, notamment leur attachement à la capitale.

Cette proposition de loi est un texte utile et équilibré auquel le Gouvernement est pleinement favorable, et ce pour une raison simple, à savoir qu'elle nous fournira un nouvel outil opérationnel pour lutter efficacement contre les formes les plus détestables et les plus insidieuses de la violence des hooligans.

Il est vrai que cette violence gangrène, aujourd'hui, le sport le plus populaire de notre pays, le football. Certaines tribunes sont ainsi devenues le théâtre de luttes d'influence entre groupes rivaux, animés parfois par des sentiments de haine et une recherche de domination.

La violence la plus brutale s'exprime sans limite. Les injures racistes et xénophobes se répandent. Insultes, slogans, saluts et chants néonazis, voire « cris de singes » proférés à la vue d'un joueur de couleur, agressions physiques : tout cela est, hélas ! devenu une réalité dans certains stades.

Par conséquent, il convient de regarder la réalité en face sans en avoir peur : c'est bien l'idéologie la plus nauséabonde, venue des bas-fonds de l'extrême droite, qui pollue aujourd'hui le monde du football. Par ailleurs, aux provocations des hooligans d'extrême droite répondent les provocations de hooligans rivaux. Le cercle vicieux est alimenté par la bêtise des uns à laquelle répond la sottise des autres. J'en veux pour preuve l'histoire, absurde, de la lutte que se livrent, par exemple, les « Boulogne Boys » et les « Tigris Mystic» au Parc des Princes.

Ce phénomène concerne en tout premier lieu le Paris-Saint-Germain, mais il ne s'y limite pas. Je prendrai quelques exemples, qui sont, malheureusement, édifiants.

Le 17 décembre dernier, au stade de la Meinau à Strasbourg, une personne d'apparence africaine est agressée par un groupe de skinheads. Le 4 février, à l'occasion du match Toulouse-Nantes, une rixe oppose des supporters radicaux des deux clubs, faisant cinq blessés. Le 25 février, en marge de la rencontre Lyon-Rennes, deux personnes d'origine maghrébine reçoivent des coups et des injures racistes sont proférées par cinq hooligans lyonnais. Le même jour, à l'occasion du match Nantes-PSG, de violents affrontements éclatent entre des hooligans parisiens rivaux, porteurs d'armes blanches, sur une aire d'autoroute.

Face à ces violences qui, bien entendu, sont inacceptables, nous ne sommes pas restés les bras croisés.

C'est ainsi que nous continuons à mobiliser d'importantes forces de maintien de l'ordre : un seul match au Parc des Princes requiert au minimum 700 policiers ; quant aux matchs « à risques », ils nécessitent parfois jusqu'à 2 000 membres des forces de l'ordre.

Inacceptable par principe, le hooliganisme, de surcroît, nous coûte très cher ! Il est vrai que si une partie des coûts de sécurité est prise en charge par les quarante clubs de Ligues 1 et 2, le coût budgétaire pour les contribuables n'est pas négligeable. Quant aux policiers qui sont mobilisés pour surveiller les matchs et les agissements des supporters dévoyés, ils ne peuvent, par définition, être présents ailleurs ces soirées-là.

Dès lors, si la mobilisation des moyens de maintien de l'ordre reste nécessaire pour protéger les personnes et les biens, elle n'est évidemment pas, à elle seule, une réponse satisfaisante.

Face à la violence des hooligans, mesdames, messieurs les sénateurs, notre règle doit être à la fois claire et comprise par les individus qui la pratiquent. Cette règle n'est autre que celle de la tolérance zéro.

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