Sans adhérer au « tout sécuritaire » et même si notre position s'inscrit dans une perspective utilitariste de la peine, nous estimons que les manifestations de violence doivent être sanctionnées. Ces sanctions doivent cependant être justes et adaptées, de façon à ne pas attiser les sentiments d'opposition pouvant induire la chaîne sans fin « agression, punition, transgression ».
Enfin, je ne peux terminer mon intervention sans évoquer la responsabilité particulière des clubs dans cette affaire.
Les violences trouvent une forme d'ancrage dans le vide laissé par les dirigeants sportifs.
Lorsque ces groupes se sont constitués, les instances dirigeantes du football n'ont pas su mettre en place une quelconque forme de relations privilégiées avec leurs membres.
Ils ont ainsi permis que ce phénomène se développe seul et sans limite. Les manifestations racistes, antisémites et xénophobes ont été trop longtemps tolérées lors des matchs de football au motif que les paroles prononcées ne devaient pas être prises littéralement dans la mesure où elles ne visaient qu'à provoquer et à déstabiliser les joueurs de l'équipe adverse. Cette tolérance implicite a laissé la situation s'aggraver.
Petit à petit, ces groupements ont constitué de véritables contre-pouvoirs au sein des clubs.
Par ailleurs, comme certains orateurs précédents l'ont indiqué, les clubs de football sont pris au piège de la surenchère financière et médiatique qui caractérise la professionnalisation et l'exploitation commerciale de cette discipline sportive.
À force de transformer le football en machine financière, de « stariser » les joueurs, de caricaturer les adversaires, de ne pas faire du sport une école de vie, la compétition a perdu de sa noblesse.
L'argent domine l'univers du football : un fossé s'est creusé entre les supporters et les clubs sportifs, qui sont davantage orientés vers les ventes en perspective.
Il est impératif que les clubs sportifs rétablissent le contact avec leurs supporters. Le fossé créé par l'argent et la professionnalisation doit être comblé.
Le mécanisme associatif a été dénaturé. Il faut le reconstruire.
Les autorités publiques doivent pouvoir et savoir accompagner cette tâche difficile.
Au-delà de l'ensemble des observations et réserves que suscite ce nouveau dispositif, j'indique dès à présent que le groupe socialiste votera la proposition de loi.